Nul ne guérit de son enfance by Mamytane  

  écrit le 1er octobre 2005  

 

C'est moi... Fernande

C'est moi... Fernande (7 ans)

 

 

C'est moi... Fernande

C'est moi... Fernande (7 ans)

 

 

C'est moi... Fernande

C'est moi... Fernande (8 et 5 ans)

 

 

C'est moi... Fernande

C'est moi... Fernande

 

 

C'est moi... Fernande

C'est moi... Fernande

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1er octobre 2005

J’ai écrit ces quelques pages pour vous, mes petits-enfants, Ludvik, Sonia, Karine, Justine, Lena et Lucas. Vous pourrez comprendre comment une petite fille de votre âge, votre grand-mère, vivait il y a plus de cinquante ans. Pendant des dizaines d’années rien n’a vraiment changé mais après la guerre le changement s’est opéré petit à petit et le bond en avant a été formidable. Vous pourrez en juger en lisant ce qui va suivre.

Vous ne comprendrez peut-être pas tous les mots, alors comme dirait Papy : "Prends ton dictionnaire !"

 

 

 

Chapitre 1

Enfance

Je suis née le trente novembre 1939, juste au moment de la déclaration de la guerre 39-45. On m’a appelée Fernande. Pourquoi ce prénom un peu bizarre ? Parce que quand ma mère m’attendait, elle travaillait chez le receveur des postes. Il avait une petite Fernande, paraît-il, très mignonne. Bien heureux qu’elle ne se soit pas appelée Cunégonde !

J’ai trois frères et sœurs : lors de ma naissance ma sœur aînée, Edda avait dix ans, mon frère Antoine, six ans et ma sœur Jeanine quatre ans. Nous vivions dans un petit immeuble où il y avait dix familles, la plupart avec des enfants. Nous formions une joyeuse bande ! Tous ces gens étaient de condition modeste, comme nous. Mon père était maçon. Mais nous n’avons jamais manqué de rien, sauf pendant la guerre où nous avons manqué de tout ! C’est un peu grâce à moi que mes parents, frère et sœurs ne sont pas partis en exode, pour fuir les Allemands. C’était en novembre au début de l’hiver où beaucoup de gens sont morts de froid, de faim et des bombardements. En effet ma mère ne se voyait pas partir sur les routes avec un nouveau-né !

Nous sommes donc restés à Villemomble, petite ville de banlieue qui appartenait avant au département de la Seine et qui est maintenant en Seine-Saint-Denis. A cette époque Villemomble était une petite ville très tranquille. Les enfants dont j’étais pouvaient jouer dans la rue devant la maison, il n’y avait pratiquement pas de voitures qui passaient dans la rue et aucun problème de violence. En outre, nous jouissions d’une liberté totale et pouvions vadrouiller partout où nous le voulions et c’est comme cela qu’avec d’autres enfants j’ai exploré tout Villemomble que je connais comme ma poche. Bien entendu nous allions seuls à l’école. Ces temps sont révolus, on ne laisse plus les enfants aller où bon leur semble.

 

Jeanine, Antoine et Edda entourent mes parents

Jeanine, Antoine et Edda entourent mes parents (1937)

 

Jeanine, Antoine et Edda entourent mes parents (colorisée)

Jeanine, Antoine et Edda entourent mes parents (1937) - colorisée

 

Fernande et Jeanine

Fernande et Jeanine

 

Fernande et Jeanine - colorisée

Fernande et Jeanine - colorisée

 

Fernande et Jeanine - colorisée

Fernande colorisée

 

La poste où travaillait ma mère

La poste où travaillait ma mère

 

Chapitre 2

La maison

Comme je l’ai déjà dit, nous vivions dans une maison centenaire où il y avait de nombreuses familles et enfants. Maintenant on dirait que c’est une HLM. Il n’y avait pas de "commodités" c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de salle de bains et les W.C. étaient communs pour quelques familles ! C’était courant à l’époque. Mais, grand bonheur, nous y avions un jardin personnel qui nous a été retiré par la suite car le propriétaire de la maison, cafetier de son métier, voulait y entreposer des cageots ! Je crois que ma passion pour les fleurs et le jardinage est venue de là. Je devais avoir trois ans et j’aimais plus que tout un énorme lilas blanc qui sentait merveilleusement bon. Mon père y avait installé un banc romantique… et je le vois encore ! Dans le jardin voisin il y avait un rosier qui fleurissait même pendant l’hiver et les bigotes du quartier y voyaient là un miracle d’autant que la locataire y avait mis une statue de la Vierge à côté !

 

Villemomble - la rue du Potager où nous habitions

Villemomble - la rue du Potager où nous habitions

 

Fernande et Jeanine au milieu de la rue du Potager

Fernande et Jeanine au milieu de la rue du Potager

 

Fernande et Jeanine au milieu de la rue du Potager - colorisée

Fernande et Jeanine au milieu de la rue du Potager - colorisée

 

Villemomble - la rue du Potager où nous habitions

Villemomble - la rue du Potager où nous habitions

 

 

Chapitre 3

La guerre

C’était la guerre. J’ai le vague souvenir pendant mes cinq premières années, tout au moins lorsque j’avais quatre à cinq ans, que nous courions dans les abris creusés dans les carrières pour protéger les gens pendant les bombardements. Par parenthèse si une bombe était tombée sur ces abris, nous aurions étés écrasés comme des crêpes, mais ça rassurait !

Lorsqu’il y avait une alerte, une sirène émanant de la mairie se mettait en route. Cela voulait dire que les bombardiers allemands arrivaient. Il fallait courir aux abris. Mon père et ma mère me tenaient par la main, ils couraient tellement vite que je ne touchais pas terre ! Une autre fois, je jouais à la marelle dans la rue, avec Monique, dite Momone, ma petite voisine. J’ai entendu un long sifflement : c’était un obus qui tombait quelque part pas très loin. Immédiatement des éclats d’obus tombèrent ça et là. Nous nous sommes abritées dans une encoignure de garage. L’alerte passée nous nous sommes rué sur les éclats d’obus encore chauds (des petits morceaux de fer) car pour nous c’étaient des trophées inestimables !

Une autre fois encore il y eu un bombardement énorme sur une ville très proche, Vaires-sur-Marne. Le ciel était rouge, le feu ravageait les maisons et le bruit des bombardiers était terrible. Je me rendais compte que mes parents avaient très peur, alors moi aussi j’avais peur !

Cependant cette période de ma vie ne fut pas faite que de frayeurs et de courses dans les abris. Nous en avons bien profité pour resserrer les liens familiaux. Le soir il y avait de longues coupures de courant. Il fallait bien passer le temps dans l’obscurité complète. Pas de bougies, pas de lampe de poche. Mes parents organisaient des parties de cache-cache. Ils jouaient avec nous et nous pouvions nous cacher partout même dans les lits. Quels merveilleux moments ! D’autres soirs, nous formions une chorale, mes parents nous apprenaient des chants italiens dont je me rappelle encore quelques paroles. Les voisins nous écoutaient et nous félicitaient le lendemain.

Ce fut aussi la période des escapades avec mon frère et mes sœurs. Car au plus fort de la guerre, il n’y avait parfois pas d’école et nous en profitions énormément. Comme je l’ai écrit plus haut il faisait bon vivre à Villemomble. Il y avait des champs, des fermes où nous allions chercher le lait dans un pot à lait en fer blanc et puis des vergers où nous allions chiper des pommes ou des groseilles, mais nous avions quelques excuses car il n’y avait pas grand-chose à manger. A la fin de la guerre j’étais rachitique et il a fallu que je passe par un traitement aux rayons ultraviolets pour reprendre un poids plus conforme !

Pendant que ma mère s’échinait à faire la queue pendant des heures sur les marchés pour trouver de la nourriture et que mon père partait sur son vélo à cinquante kilomètres de chez nous pour aller glaner des pommes de terre, nous étions livré à nous-mêmes. Frère et sœurs, nous en profitions pour régler nos comptes. S’ensuivaient de belles bagarres. Je crois que nous aimions ça ! Mais parfois cela tournait à la catastrophe. On cassait un objet ou une vitre et la foudre maternelle s’abattait sur nous à son retour. Lorsque ma mère était partie, nous devions faire le ménage. J’avais deux corvées à effectuer : le dépoussiérage du buffet Henri II et le ramassage des petites scories qui restaient sur le parquet après le balayage. Nous n’avions pas d’aspirateur et je pense que cet appareil n’existait pas encore. Je détestais ces deux corvées. Qui a déjà vu un buffet Henri II peut le comprendre. Ce meuble est rempli de sculptures, colonnes et autres circonvolutions où la poussière très maligne s’incruste. Quant aux scories j’en oubliais la moitié ce qui occasionnait de fortes tensions avec ma sœur Jeanine.

J’aurais préféré passer le balai mais l’on me rétorquait que comme j’étais la plus petite, j’étais plus près du sol !

 

Chapitre 4

Le jardin ouvrier

Ces corvées terminées nous sortions et batifolions dans la campagne. Nous allions très souvent au "jardin". Un autre jardin… Mais avant d’y arriver, nous entrions dans le vieux cimetière et nous allions voir immanquablement la tombe de Chatrian.

Qui était Chatrian ?

C’était un écrivain alsacien fort connu, qui a écrit avec Erckmann "l’Ami Fritz". A eux deux, ils ont produit ensemble un grand nombre de contes, de romans, de pièces de théâtre qui forment une sorte d’épopée populaire de l’ancienne Alsace.

Et nous allions voir la tombe du petit frère de Momone…

Nous allions aussi jouer dans les carrières toutes proches, anciennes champignonnières. Mes parents nous interdisaient d’y aller car c’était très dangereux. Par endroit, ça s’écroulait mais nous bravions les interdits et nous n’avions pas conscience du danger.

Non loin de là il y avait un pont sous lequel passait la voie ferrée. Lorsqu’un train passait dans un énorme grondement, nous nous précipitions pour le voir et le mécanicien qui nous voyait lâchait une grosse volute de fumée dont nous étions enveloppé. C’étaient des trains à vapeur. On ne voyait plus rien pendant vingt secondes et nous hurlions de plaisir. Cela se renouvelait souvent car je suppose que les mécaniciens circulaient régulièrement sur cette ligne et ça les amusait autant que nous.

La guerre touchait à sa fin. Les Allemands étaient en déroute. Ils s’enfuyaient. Les Américains et les Anglais bombardaient les trains qui partaient vers l’est. Dans un quartier qui s’appelle "la Fosse aux bergers" à un quart d’heure de chez nous, un train fut bombardé et stoppé. Il commençait à brûler et très vite le bruit courut qu’il regorgeait de marchandises. Ce fut la ruée vers l’or. Ce train était bourré de vêtements militaires, de bottes, de pharmacie, de nourriture – des sacs de riz, de sucre, etc. Tout ce dont nous manquions cruellement. Ma sœur Jeanine et moi étions trop petites pour aller chercher cette marchandise gratuite mais mes parents, ma sœur aînée et mon frère ramenèrent surtout des vêtements, des bottes de cuir et de la pharmacie. Les denrées alimentaires s’étaient déjà envolé à leur arrivée.

Ma mère était heureuse comme une reine ! Elle allait pouvoir nous confectionner des vêtements car on n’en trouvait évidemment pas dans le commerce. Cependant elle prit soin de les teindre en bleu marine. D’autres mères ne le firent pas et on vit des enfants habillés dans cette teinte "vert de gris" détestée des Français. Ils avaient l’air de petits Allemands !

Et la guerre prit fin. Les gens étaient heureux. Bientôt nous sommes allés voir défiler les Américains dans leurs jeeps dans une avenue qui s’est appelé par la suite avenue de la Résistance. Ils nous jetaient des chewing-gums. C’était la première fois que j’en voyais.

 

Chapitre 5

Les vêtements

Comme je l’ai dit, nous n’étions pas riches mais ma mère avait des doigts en or. Elle cousait à merveille. Elle confectionnait tous nos vêtements, tabliers, robes, manteaux pour les filles, chemises, pantalons et blousons pour les hommes. Elle achetait le tissu au marché et par conséquent nous étions toujours bien vêtus. Elle m’avait fait une jolie robe pour le dimanche, car à cette époque, nous avions les habits du dimanche ! Le tissu était écossais bleu et vert du plus bel effet et j’adorais porter cette robe, mais hélas, je ne pouvais la mettre en semaine. Elle nous avait appris, à nous les filles, à tricoter. C’était amusant au début mais lorsqu’il fallut apprendre à faire les chaussettes, ce fut "une autre paire de manches". Il fallait manier quatre aiguilles en même temps, et ma concentration devait être totale, sinon à la moindre erreur, tout était détricoté ! Enfin j’arrivais à me débrouiller.

 

Chapitre 6

Les huiles… essentielles

Durant la guerre, nous n’avions pas eu les vitamines nécessaires à notre bon développement et il avait été préconisé de donner aux enfants, chaque jour, une cuiller d’huile de foie de morue. Remède miracle paraît-il. La première cuiller avalée, nous nous sommes rendu compte dans quel traquenard nous étions tombés. Non seulement l’odeur de poisson pourri était insoutenable mais le goût l’était tout autant. Quand ma mère arrivait, la bouteille à la main, nous nous égayions comme des moineaux et il lui fallait toute son autorité pour nous faire ingurgiter ce breuvage avec force grimaces. Qui n’a pas bu d’huile de foie de morue ne peut comprendre !

Mais il y avait pire ! L’huile de ricin. Lorsque nous n’étions pas "dans notre assiette", nous avions droit à cette horreur. Pour faire passer le goût, il y avait un vague mélange de framboise. Je n’arrivais pas à avaler cette mixture. Je recrachais. Et j’avais droit à une deuxième cuiller.

 

Chapitre 7

Le jardin du plateau d’Avron

Mais revenons à notre deuxième jardin. Il n’était pas au pied de la maison. Il fallait marcher pendant vingt minutes pour le rallier. Comme nous étions une famille nombreuse, nous avions eu droit à une parcelle de terre sur un vaste terrain appartenant à la commune. Mon père en avait fait la demande. Nous n’étions pas les seuls à avoir obtenu une parcelle. Cela s’appelait "les jardins ouvriers". Mon père y avait construit une petite cabane à outils. Après son travail qui était épuisant, il y venait pour bêcher et semer des graines et des plants pour faire pousser des légumes. Sur ce terrain il y avait un poirier. Les poires étant trop hautes pour les atteindre, nous prenions les tomates pour les dégommer. Mon père mit fin à cette pratique en nous bottant le derrière !

Il y avait un hérisson qui avait élu domicile dans la cabane. A notre approche il se mettait en boule et mon frère, ayant lu quelque part que l’eau "déroulait" ces petites bêtes, eut l’idée lumineuse de cracher dessus. Mais le hérisson était têtu, il persistait à rester en boule !

Dans ce jardin j’y ai passé des moments merveilleux. Avec les enfants des jardins ouvriers, nous faisions déjà la guerre des boutons bien avant que le film d’Yves Robert ne sorte sur les écrans. La grande punition était de mettre celui ou celle qui était pris dans une poubelle, le couvercle par-dessus.

Malheureusement, une fois de plus, après quelques années, le jardin nous fut repris car une usine fort connue à l’époque "Bébé confort" qui produisait poussettes, lits pour enfants, etc. vint s’implanter sur ce terrain.

Cela a été pour moi un vrai traumatisme. Heureusement, c’est à peu près à ce moment-là qu’une copine d’école m’a entraînée avec elle dans le scoutisme. J’ai pu faire des sorties à la campagne avec les "Jeannettes" qui m’ont marquée à jamais et j’ai arrêté le scoutisme à mon mariage avec Papy, en passant par toutes les étapes : guide, guide aînée, cheftaine.

Je reparlerai des "Jeannettes" plus tard.

 

Chapitre 8

Les petits métiers

Pendant et après la guerre, toutes sortes de petits métiers existaient. Ils ont maintenant disparu.

La cardeuse de matelas  – le marchand de charbon – le marchand de glace – le rémouleur –le vitrier …

Dans ma rue, ces artisans passaient régulièrement, s’annonçant en criant le nom de leur métier.

La cardeuse venait l’été refaire les matelas dans la cour de l’immeuble. Ma mère devait fournir la laine et les matelas étaient refaits manuellement à neuf.

Bien entendu, nous nous chauffions au charbon ou au bois et le charbonnier venait livrer des sacs. Moi, j’avais un peu peur de ce brave homme parce qu’il était noir de poussière de charbon de la tête aux pieds.

Le marchand de glace – non pas des glaces à déguster – mais des gros cubes de glace pour mettre dans les glacières car il n’y avait pas de réfrigérateur. A ce propos lorsque j’allais chercher le lait à la ferme, ma mère le faisait bouillir dès mon arrivée car il aurait tourné. Le lait n’était pas traité comme maintenant.

Le rémouleur aiguisait les couteaux. Il tirait derrière lui une drôle de machine en bois avec une meule en pierre qu’il faisait tourner à l’aide d’une pédale.

Tout ce trafic se faisait avec des charrettes à cheval.

 

Chapitre 9

L’argent de poche

Pour avoir un peu d’argent de poche, (il n’était pas d’usage dans les familles de donner de l’argent aux enfants), nous ramassions le crottin de cheval qui servait comme engrais et nous le proposions aux jardiniers qui nous donnaient quelques sous…

Moi, j’avais de la chance car chaque semaine je faisais les courses d’une vieille voisine. Elle me faisait confiance. Ma mère râlait car elle trouvait que le sac était bien lourd pour mes petits bras et pensait que la voisine était paresseuse. Moi, ça m’arrangeait bien, de plus cette vieille femme était généreuse. C’est ainsi qu’économisant sou après sou, j’ai pu m’acheter l’harmonica chromatique que je convoitais depuis longtemps. Il fallait être débrouillard pour avoir quelque argent !

Le jeudi, à l’époque jour de congé, c’était la fête pour Momone et moi. Nous mettions en commun nos sous et toutes affaires cessantes, nous allions dans une boutique, toujours la même, qui était pour nous la caverne d’Ali Baba. Il y avait toutes sortes de marchandises, des jouets, mais surtout des roudoudous, des rouleaux et des bâtonnets de zan, des "globos" que l’on mâchait tout l’après-midi surtout si on arrivait à en gagner un deuxième. Après nous partions dans un autre quartier de la ville assez distant. Nous arrivions à la chapelle Notre Dame d’Espérance où le curé de cette paroisse projetait un film pour les enfants. Bien entendu nous n’avions pas de télévision, pas de magnétoscope, cela n’existait pas et nos parents avaient bien autre chose à faire que de nous emmener au cinéma. D’ailleurs il n’y en avait qu’un à Villemomble. Il y avait peu de livres et journaux, pas de spectacles pour enfants, pas de bibliothèques.

Tout de même, lorsque j’avais bien travaillé à l’école, ma mère m’achetait un livre de la Bibliothèque Rose que je dévorais – (c’est comme cela que j’ai lu toute la Comtesse de Ségur… bien pensante) -  et tous les mois une revue enfantine "Lisette". Il y en avait une autre "Fillette" mais ma mère ne voulait pas me l’acheter la trouvant vulgaire. Je pense que cette revue ne l’était pas, elle avait plutôt le mérite de n’être pas "à l’eau de rose". Je ne rouspétais pas sinon je n’aurais rien eu !

L’éducation parentale était extrêmement rigide mais elle avait certainement du bon !

Ce film du jeudi, pour moi, était magique. De temps en temps le curé devait oublier de le visionner avant, parce qu’une fois nous en avons vu un avec Luis Mariano, chanteur et acteur extrêmement populaire jouant des rôles de jeunes premiers "Pas de week-end pour nos amours". Manifestement il n’était pas fait pour nous. Et comme tout était tabou, surtout la sexualité, on ne pouvait pas demander d’explications aux parents sachant qu’ils ne nous auraient pas répondu. Nous cherchions des réponses auprès des copines plus grandes, mais ces informations nous arrivaient très erronées. C’était la première fois que je voyais deux adultes s’embrasser sur la bouche, je ne savais même pas que cela existait, les enfants d’alors étaient très naïfs, et j’étais scotchée à mon banc. Car nous étions assis sur des bancs d’église peu confortables mais qu’importe. J’ai vu là une quantité de films de Laurel et Hardy et bien d’autres. C’était super !

Avec Momone, nous aimions nous promener dans la ville. Il y avait toujours quelque chose à voir, quelque chose à faire, des bêtises parfois comme de tirer les sonnettes, cela nous semblait le summum de l’audace. Mais il y avait beaucoup mieux. Nous allions voir le tonnelier ou le bourrelier. Nous rentrions dans l’atelier du tonnelier. C’était un vieil homme avec un gros tablier de cuir, il avait l’air bourru mais il nous laissait le regarder travailler. Cela me fascinait. Il chauffait les lattes de bois pour les recourber et les cerclait avec du fer. Il y avait plein de tonneaux dans la cour.

Nous regardions aussi le bourrelier à travers sa vitrine. Il tenait une boutique dans la Grande Rue. Il réparait tout ce qui était en cuir. A la fin des vacances scolaires, nous lui apportions nos cartables passablement abîmés. Il remettait une pièce çà et là, une anse, et le cartable était bon pour le service. Il était hors de question d’en avoir un neuf chaque année.

Les jours de forte chaleur, nous allions nous baigner dans la Marne. Maintenant ce fleuve est pollué et je n’y mettrais pas  le bout d’un doigt de pied mais il était alors limpide. Nous partions avec Momone et sa mère et marchions durant deux heures à l’aller et de même au retour sous un "cagnard" d’enfer. Arrivées au "Pont des trois communes", c’était la campagne. Nous cheminions le long des champs de maraîchers et ne résistions pas à chiper au passage un melon ou deux ! Maintenant ce "chemin" est devenu une très longue avenue complètement urbanisée, avec une circulation intense. La mère de Momone avait toujours peur que nous ayons faim après le bain. Elle apportait un goûter pantagruélique que nous dévorions à belles dents.

 

 

 

Chapitre 10

La religion

Le dimanche matin, à la maison, la messe était obligatoire. Je m’y suis ennuyée ferme. Parfois j’écoutais le sermon du prêtre mais le plus souvent mon esprit vagabondait et j’attendais tranquillement que la messe se termine. Le catéchisme m’ennuyait aussi. Je n’aimais pas que l’on dise : "Si vous êtes méchants le Bon Dieu vous punira !" Balivernes ! J’aurais préféré que l’on nous dise "Respectez les autres, ayez de la tolérance, etc. ". Mais ma mère, étant très croyante, ne badinait pas avec la religion.

Le jour de ma communion solennelle est arrivé. J’avais onze ans. Une journée horrible. Mes parents étaient malades et alités. Ma mère avait un zona et mon père ce que l’on appelle de nos jours une gastro-entérite. Le médecin était venu pour tous les deux. Ca coûte moins cher ! Nous n’avons donc invité personne et avons mangé tous les quatre une tambouille infâme concoctée par ma sœur Jeanine qui ne savait pas faire la cuisine. J’avais une très jolie robe prêtée par une amie de ma mère, j’ai perdu la ceinture… ce qui a occasionné une sérieuse "engueulade" et pour couronner le tout il faisait un froid de canard, dans ma petite robe d’organdi je grelottais pourtant c’était au mois de mai. Je suis tout de même allée me faire photographier dans un studio de photos car bien entendu, nous ne possédions pas d’appareil photo.

L’après-midi quand je n’allais pas aux Jeannettes, nous allions nous promener en famille. C’était tellement rare que je savourais ces promenades avec mon père et ma mère. Nous montions le plus souvent sur le plateau d’Avron. Il y avait une guinguette, c’était comme un café en plein air où les ouvriers chantaient et dansaient. Nous passions devant mais nous ne y arrêtions pas. C’était un endroit assez sauvage plein de fleurs au printemps. Ma mère était détendue, mon père grimpait dans les arbres, j’essayais de le suivre. Je détestais le retour !

 

Fernande et Jeanine - communion de Jeanine

Fernande et Jeanine - communion de Jeanine

 

Communion de Fernande

Communion de Fernande

 

Communion de Fernande photo prise par Jacques

Communion de Fernande
photo prise par Jacques

 

 

Chapitre 11

La lessive

Le lundi était le jour de lessive. Nous n’avions pas de lave-linge, cela n’existait pas. Ce jour-là, ma mère n’était pas à prendre avec des pincettes. Il lui fallait laver le linge d’une semaine pour six personnes ainsi que le linge de maison. Et il fallait avoir le cœur bien accroché pour laver les mouchoirs – ceux en papier n’existaient pas – car nous nous mouchions dix fois dans le même ! Bonjour les microbes…

La veille, elle faisait bouillir le linge dans une grande lessiveuse sur la cuisinière. Cela durait plusieurs heures et nous n’avions pas le droit d’entrer dans la cuisine afin d’éviter un accident. Le lendemain, de très bonne heure, elle descendait dans la buanderie commune à l’immeuble. Il y avait un roulement pour chaque famille et gare à celles qui enfreignaient le règlement. Parfois il y avait des crêpages de chignon, mais ma mère n’y participait pas. Elle y passait la journée entière à nettoyer, frotter, rincer, étendre. Même l’hiver, alors qu’il pouvait faire très froid, elle descendait à la buanderie. Nous ne nous rendions pas compte combien ce travail était difficile, sans doute aurions-nous fait plus attention à notre linge si nous l’avions su.

 

Chapitre 12

Caractère

Toute enfant j’étais très timide. Heureusement cela m’a passé rapidement. Une fois à l’étalage d’un marchand de fruits j’ai vu des fraises merveilleuses, joufflues qui ne demandaient qu’à être dégustées. J’ai demandé à ma mère de m’en acheter. Celle-ci, pour me tester, m’a dit en me tendant un billet : "Tiens, vas-y". J’ai dit non mais j’en étais malade. Arrivée à la maison je ne pensais qu’aux fraises et tout d’un coup j’ai demandé le billet. Je suis partie, seule, tremblante comme si j’allais à l’échafaud. Devant la marchande, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé des fraises. Evidemment tout s’est bien passé, la marchande voyant mon trouble a été très rassurante. En sortant de la boutique j’étais extrêmement fière. J’avais accompli un exploit… Enfin, la gourmandise avait été la plus forte ! A partir de ce jour-là je n’ai plus jamais eu peur d’aller faire quelques courses, acheter le pain, le lait… Comme quoi, toute petite victoire est importante. Une fois, cependant, j’ai eu honte car chez le boulanger, au lieu de demander de la chapelure, j’ai demandé de la sciure ce qui a fait rire toute la file d’attente !

Je n’étais pas toujours facile à vivre, j’étais la petite dernière et peut-être plus chouchoutée que mes frère et sœurs. Ce qui se ressentait parfois dans mon caractère. Ma mère qui craignait mes réactions lorsque nous allions visiter ses amies me mettait en garde et me commandait de bien me tenir.

Une fois nous fûmes invitées à un goûter. Ma mère me demanda d’être polie, de dire bonjour, de remercier… Le fait qu’elle m’ait sermonnée avant même d’arriver m’exaspéra. J’avais donc ma petite idée en tête. Je n’ai pas ouvert la bouche durant tout le goûter. Au retour, à peine la porte franchie, j’ai provoqué ma mère en lui disant : "Tu as vu, je n’ai dit ni bonjour, ni merci, ni au revoir !" Devinez ce qui a suivi ? Une fessée dont je me souviens encore.

Mon frère me taquinait beaucoup. Un jour il m’a proposé d’échanger une pièce de monnaie. Il me donnait une grande et je lui donnais une petite. Sauf que la petite valait plus que la grande. Ma mère a vu tout de suite l’arnaque et elle y a mis bon ordre. Il disait de mes yeux : "Yeux marrons, yeux de cochon !".  Ma mère rectifiait en disant "Non elle a des yeux couleur noisette… ". J’étais fière des mes yeux noisette ! Et bien entendu on se moquait de moi, lorsque je disais que j’avais des yeux noisette.

Après la guerre, j’ai découvert pour la première fois les bananes. J’avais six ans et j’ai commencé à en manger une avec l’épluchure. Je n’ai pas trouvé ça bon. Mes frère et sœurs qui connaissaient ce fruit ont bien ri. C’était l’époque où l’on redécouvrait en quantité les légumes, les fruits, les gâteaux, toutes ces bonnes choses dont nous avions été privés pendant de longues années.

 

Fernande, Antoine et Jeanine - Antoine porte dans ses bras le bébé de ma soeur Edda

Fernande (9 ans), Antoine et Jeanine
Antoine porte dans ses bras le bébé de ma sœur Edda
en 1948

 

Fernande, Antoine et Jeanine - Antoine porte dans ses bras le bébé de ma soeur Edda - colorisée

Fernande (9 ans), Antoine et Jeanine
Antoine porte dans ses bras le bébé de ma sœur Edda - colorisée
en 1948

 

 

Chapitre 13

La maladie

A cette époque, j’ai été opérée des amygdales. Pas d’hospitalisation, pas d’ambulance pour rentrer chez moi. Nous sommes allées au dispensaire. Le médecin m’a dit "Tu vas être courageuse !" et crac, m’ouvrant la bouche il m’a retiré tout ça vite fait. La douleur était très forte et ma mère a dû me porter pour le retour, je ne tenais pas sur mes jambes. On ne s’embarrassait pas, mais tout de même la méthode était un peu barbare.

 

Chapitre 14

Les jolies colonies de vacances

A l’âge de six ans, comme j’étais rachitique et qu’il me fallait du "bon air", ma mère nous inscrivit, ma sœur Jeanine et moi, dans une colonie de vacances. C’était à la montagne, à Châtel, en Haute-Savoie. Je suis certaine que mon amour pour la montagne vient de là. Nous étions dans le dernier chalet d’alpage avant la frontière suisse et pour nous amuser nous mettions un pied en France et l’autre en Suisse sous le regard débonnaire des douaniers. Ce chalet était vaste et très beau. A ses pieds, il y avait un troupeau de vaches et leurs cloches sonnaient agréablement à mes oreilles. Il y avait une belle forêt de sapins qui sentait bon et où nous allions très souvent nous promener. Nous sommes restés durant trois mois dans ce petit paradis.

Malheureusement, comme je l’ai dit plus haut, je ne me laissais pas faire facilement. Les monitrices pensaient sans doute qu’une gamine de six ans devait filer droit. Elles avaient la main leste et giflaient à tour de bras. Cela je ne l’ai pas supporté. Bien entendu j’étais une petite fille et elles avaient le dessus. Je me suis trouvée souvent au piquet mais elles avaient fort à faire avec moi. Je faisais valoir mes arguments… Elles n’aimaient pas ça du tout. Elles profitaient du fait que beaucoup d’enfants étaient en situation difficile dans leur famille – c’était une colonie spéciale, on dirait maintenant de la DDASS et je ne sais comment nous nous sommes retrouvées là, alors que nous formions une famille très unie, que mes parents s’adoraient et que même… ça m’énervait un peu ! J’étais un peu jalouse.

Un jour, j’ai vraiment compris combien ces harpies étaient injustes et pas très intelligentes. Nous étions à table et moi, sans bien réfléchir, j’ai pris mon couvert et l’ai essuyé avec ma serviette. Sans doute avais-je vu une petite saleté dessus ? Une gifle mémorable m’est arrivée. On m’a sortie de table et devant tout le monde, on m’a reproché vivement cet acte arguant que la personne qui lavait la vaisselle faisait bien son travail et que c’était très vexant de ma part et que je devais aller m’excuser. Il ne faut pas oublier que j’avais six ans !

J’ai refusé ! J’ai terminé encore une fois au coin en regardant les autres enfants manger.

J’avais donc une réputation de petite bourgeoise et de forte tête mais je m’en accommodais.

Malgré tout, l’air de la montagne m’avait fait beaucoup de bien et l’année suivante j’y suis retournée. C’était dans le Val d’Abondance, à Féternes. Seulement là, j’avais sept ans et j’étais plus aguerrie. Cela s’est beaucoup mieux passé.

A l’âge de huit et neuf ans, je suis partie en colonie de vacances avec la mairie de Villemomble. Je n’en ai que d’excellents souvenirs. J’ai appris à vivre en communauté et nous y faisions beaucoup d’activités de tous ordres.

Comme je l’ai dit plus haut ma timidité était passée.

Par une copine d’école j’avais appris que l’on pouvait aller en colonie de vacances. Ma mère est allée à la mairie pour m’inscrire. Horreur, il n’y avait plus de place. J’étais terriblement triste, j’avais très envie d’y aller. Alors ma mère m’a dit : "Va dire combien tu aimerais partir et essaie de les convaincre !" Elle m’a donné le montant en liquide du prix des vacances et je me suis pointée à la mairie. Quand les responsables m’ont vu arriver, les billets à la main, ils ont été très agréablement étonnés par ma détermination et du coup, ils ont fait une exception et ont pris un enfant de plus. C’était moi ! Quelle victoire.

 

La colonie de vacances à la montagne à Châtel

La colonie de vacances à la montagne à Châtel

 

20 ans après

Moi... 20 ans après au même endroit !

 

La colonie de vacances à la montagne à Féternes

La colonie de vacances à la montagne à Féternes
La Clé des Champs maison d'enfants

 

Chapitre 15

Le scoutisme

La même année je suis entrée aux Jeannettes. Presque tous les dimanches après-midi nous faisions des sorties et déjà bien avant la mode pour la protection de l’environnement, on nous sensibilisait à la nature. J’ai appris quantités de choses notamment à s’orienter avec une boussole dans la campagne, à faire la cuisine avec trois fois rien, à connaître les arbres, les fleurs, etc. Les enfants qui fréquentaient cet organisme étaient issus de classes aisées et cela se ressentait. Ils étaient pour la plupart bien élevés et les contacts étaient faciles. Nous partions souvent en week-end, sac au dos, couchant sous la tente ainsi que pendant les vacances de Pâques et durant l’été. Cela s’appelait les camps. Plus tard, adolescentes, nous faisions des camps itinérants et marchions pendant une quinzaine de jours toujours sac au dos. J’ai d’ailleurs fait un camp de Pâques à Lésigny sur ce qui est maintenant le golf et j’avais l’impression d’être très loin de chez moi. Il est vrai que Lésigny il y a cinquante ans ne ressemblait en rien à ce qu’il est de nos jours. C’était un tout petit village de quelques maisons entouré de bois et de champs. Aux Jeannettes, il y avait aussi le revers de la médaille. L’organisation était un peu style militaire et la discipline était de rigueur, mais à l’époque on acceptait cela.

 

Le scoutisme

Le scoutisme

 

 

Chapitre 16

Le petit Parisien

Dans ma rue, hormis Momone, il y avait Jacques. Jacques était un petit Parisien. Il venait régulièrement le samedi et le dimanche chez ses grands-parents. Ils habitaient une grande et belle maison en face de chez nous. Il était casse-cou, mais moi aussi et nous nous entendions merveilleusement tous les deux. Il allait dans une école privée très réputée et il n’avait pas classe le samedi. Il venait me chercher avec son vélo à la sortie de l’école, personne ne le connaissait et l’on me posait des questions. Je n’étais pas peu fière d’être ramenée à la maison sur le porte-bagages !

Ses parents étaient riches, son père était dentiste. Jacques était très gâté. Il avait toutes sortes de jouets. Le grenier des grands-parents servait de salle de jeux. Il avait aussi un vélo, une patinette à pédale, un portique dans le jardin avec plein d’agrès mais il n’était pas possessif. Je pouvais disposer de tous ses jouets sans avoir à lui demander la permission. C’était un petit garçon très gentil.

Chez ses grands-parents nous nous amusions beaucoup. Il me semble que sa grand-mère passait son temps à mijoter des petits plats. En tous les cas, elle faisait des tartes succulentes et nous en avions une part à l’heure du goûter.

Derrière la maison, il y avait des arbres fruitiers, pommiers, poiriers, abricotiers … un grand potager, aussi où les salades étaient alignées au cordeau, les tomates bien palissées. Il était entouré par des rangs de fleurs de toutes sortes. Les papillons multicolores venaient s’énivrer de leur parfum.

Un jour nous avons décidé d’en capturer le plus grand nombre. Nous en avions une bonne trentaine. Que faire de ces papillons ? Nous n’avons pas trouvé mieux que de les lâcher dans le bureau du grand-père. Ils s’accrochèrent aux rideaux, vers la lumière. Celui-ci menaça son petit-fils de le renvoyer chez ses parents et nous interdit, dorénavant, d’en franchir la porte. Dans ces moments-là, nous nous faisions oublier au fond du jardin.

Tout de même, j’étais choquée par le fait que les fruits qui tombaient n’étaient pas ramassés. Ils pourrissaient sur place. Notamment de bons gros abricots. Je n’osais pas en ramasser car je ne voulais pas que l’on pense que je volais quoi que ce soit et ma mère me donnait raison.

Une autre fois, nous avions décidé de faire une course dans la rue avec la patinette à pédale. Jacques allait plus vite que moi et je voulais à tout prix réussir aussi bien que lui. Une énorme chute s’en est suivi. Deux jours après j’avais comme une balle de tennis sur le genou. Il fallut m’emmener chez le médecin qui diagnostiqua un épanchement de synovie. C’est un liquide que l’on a naturellement dans les articulations et qui assure la lubrification. Celui-ci en était sorti et le médecin le ponctionna avec une grosse aiguille. Après cela, je me calmai et j’évitai les courses à vélo !

De temps en temps, les parents de Jacques nous emmenaient dans leur maison de campagne. C’était la seule occasion que j’avais de monter dans une voiture. La maison était de plain pied, toute en longueur avec des colombages. Elle était charmante. Je me souviens des arbres fruitiers tout en fleurs sous lesquels il ne fallait pas aller jouer car ils bourdonnaient d’abeilles.

Nous avons passé plusieurs années ensemble et puis un jour le grand-père est mort. La maison a été vendue et la grand-mère est partie. Jacques n’est plus venu à Villemomble. J’ai eu beaucoup de mal à "encaisser le coup". Le fait de ne plus le voir et de ne plus pouvoir entrer dans ce jardin m’était insupportable et puis quelques temps plus tard c’est moi qui ai déménagé, alors… "Loin des yeux, loin du cœur !".

 

Chapitre 17

Le progrès arrive

Pendant la guerre, les fêtes de Noël étaient un peu tristes. Pourtant mes parents déployaient des trésors d’imagination. Le sapin était une branche de laurier, les étoiles étaient découpées dans du papier brillant, il n’y avait pas de friandises mais nous avions tout de même un jouet en bois qu’un voisin ébéniste confectionnait. Quand la guerre fut finie, mes parents voulurent marquer le coup et à Noël, nous avons eu un très beau cadeau : un vélo que ma sœur et moi nous nous partagions. Cela fit des envieux et c’était bien humain. Nous fûmes les premiers enfants, dans l’immeuble, à avoir un vélo.

Nous fûmes également la première famille à avoir un réchaud à gaz. Quel progrès ! Plus n’était besoin d’allumer la cuisinière continuellement. Toutes les voisines vinrent défiler chez nous pour voir la merveille !

 

Chapitre 18

L'école

Maintenant il faut que je vous parle de l’école.

Tout d’abord j’ai eu depuis le début et durant toute ma scolarité élémentaire et secondaire jusqu’en cinquième deux vraies amies. Mireille et Simone. Mais je n’ai pas eu de chance car toutes les deux ont déménagé. L’une à Albert, petite ville de la Somme, l’autre à Aix-en-provence. Le départ de Mireille nous a peiné toutes deux, nous avons correspondu jusqu’à son mariage et nous nous sommes revues quelques fois. Avec Simone, à l’époque petite fille potelée, nous continuons à nous écrire et à nous voir quelquefois, elle habite maintenant à Tarare, près de Lyon. Cela fait une soixante d’années que nous nous connaissons, nous nous aimons bien. Heureusement, je faisais partie des Guides de France et ce manque fut en partie comblé par d’autres filles, notamment Denise qui est entrée au couvent depuis et avec qui je corresponds toujours. Et oui, j’ai une amie bonne sœur !

Je suis entrée à l’école maternelle à l’âge de trois ans. Je me rappelle un peu les deux dernières années, surtout les récompenses que nous recevions et les bons points que je collectionnais jalousement. Au son du piano nous faisions des danses enfantines. A l’école du centre mon entrée au CP que l’on appelait "onzième" ne me laisse pas un grand souvenir sinon qu’à la fin de l’année scolaire, la maîtresse donnant la liste des enfants qui passaient en dixième n’a pas prononcé mon nom. Enfin, c’est ce qui me semblait. Je me suis mis à sangloter. Mon nom avait bien été cité, c’est moi qui n’écoutais pas et je me suis fait bien rabrouer. Cette fois-là j’ai eu une frousse énorme.

Dans les autres classes, les maîtresses étaient extrêmement sévères. A l’époque une gifle envoyée à un enfant ne faisait pas déplacer les parents, mais ce n’était pas une raison pour que les institutrices exagèrent. Nous n’avions pas le droit de dire un mot en classe et il était bien difficile de tenir, alors les punitions pleuvaient. Le samedi il y avait classe jusqu’à quatre heures. L’après-midi nous devions nettoyer les tables à l’eau de javel parce que dans la semaine l’encre violette avec laquelle nous écrivions tachait. Il n’y avait pas de stylos bille.

Je ne suis jamais allée à l’école avec les garçons. Il n’y avait pas de mixité. Toutefois la leur jouxtait la nôtre et à la sortie nous nous retrouvions mais il était rare que nous jouions avec eux.

Dans la cour de récréation aussi bien que dans notre rue, nous avions des jeux préférés : la marelle, la corde à sauter, les gendarmes et les voleurs, chat perché, cache-cache, Jacques a dit. Quand il faisait trop chaud, c’était les osselets, mais les billes c’était pour les garçons.

L’école du centre est devenue l’école Pasteur.

Le collège s’appelait le cours complémentaire. La discipline était plus souple et cela me convenait mieux. Après la septième les meilleures élèves passaient en sixième. Mais nous étions peu à y accéder. A Villemomble il y avait deux écoles primaires et un seul cours complémentaire et les enfants de ces écoles y étaient réunis. Beaucoup d’entre eux allaient dans la classe du certificat d’études. Lorsqu’ils arrêtaient leur scolarité, ils partaient en apprentissage. Ceux qui continuaient leurs études n’étaient pas la majorité.

Tous les ans, il y avait la distribution des prix. Nous allions pour cette cérémonie dans une autre école, l’école Foch où le préau était plus grand que le nôtre. Le maire y assistait. Lorsqu’il arrivait, la Marseillaise était chantée par les enfants et nous montions chacun à notre tour sur l’estrade pour recevoir un prix. Seuls les dix premiers de la classe étaient primés.

J’ai passé une classe de cinquième formidable. Je m’en souviens très bien. Quelques filles mettaient une ambiance extraordinaire. Dans cette classe, il y avait un esprit de corps, ce qui est rare. Très peu de chamailleries, de racontars et même les professeurs nous rendaient hommage pour cela.

A la fin de la cinquième, j’ai déménagé à Clichy-Sous-Bois. Dans mon nouveau cours complémentaire, j’y ai retrouvé une discipline de fer et là, l’esprit de corps n’existait pas. Au contraire tout était bon pour se faire "tirer dans les pattes". Je n’y ai pas que des bons souvenirs.

 

Je situe à ce moment-là la fin de mon enfance et mon entrée dans l’adolescence… Mais cela est une autre histoire.

 

L'école maternelle

L'école maternelle

 

L'école des Filles

L'école des Filles

 

L'école du Centre (cour des filles, cour des garçons)

L'école du Centre (cour des filles, cour des garçons)

 

L'école du Centre

L'école du Centre

 

L'école du Centre

L'école du Centre

 

L'école du Centre

L'école du Centre

 

Ma classe de sixième au Cours Complémentaire de Villemomble (je suis assise tout à fait à droite)

Ma classe de sixième au Cours Complémentaire de Villemomble
(je suis assise tout à fait à droite)

 

 

 

L'odeur de mon pays
par Lucie DELARUE-MARDRUS

L’odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l'ai mordue avec les yeux fermés du somme,
Pour me croire debout dans un herbage vert.
L'herbe haute sentait le soleil et la mer,
L'ombre des peupliers y allongeaient des raies,
Et j'entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,
Se mêler au retour des vagues de midi...

Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ?...
Ah ! je ne guérirai jamais de mon pays !
N'est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans la fraîcheur, la paix et toute l'innocence ?

Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?...

Lucie Delarue-Mardrus
17 octobre 1914

 

 

Nul ne guérit de son enfance
Jean Ferrat

1. Sans que je puisse m'en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière
Me fait sauter sur ses genoux
Mes parents l'été les vacances
Mes frères et sœurs faisant les fous
J'ai dans la bouche l'innocence
Des confitures du mois d'août

Nul ne guérit de son enfance de son enfance
Nul ne guérit de son enfance de son enfance

2. Les napperons et les ombrelles
Qu'on ouvrait à l'heure du thé
Pour rafraîchir les demoiselles
Roses dans leurs robes d'été
Et moi le nez dans leurs dentelles
Je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles
L'odeur troublante de l'amour

Nul ne guérit de son enfance de son enfance
Nul ne guérit de son enfance de son enfance

3. Le vent violent de l'histoire
Allait disperser à vau-l'eau
Notre jeunesse dérisoire
Changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer
L'image d'un père évanouie
Qui disparut avec la guerre
Renaît d'une force inouïe

Nul ne guérit de son enfance de son enfance
Nul ne guérit de son enfance de son enfance

4. Celui qui vient à disparaître
Pourquoi l'a-t-on quitté des yeux
On fait un signe à la fenêtre
Sans savoir que c'est un adieu
Chacun de nous a son histoire
Et dans notre cœur à l'affût
Le va-et-vient de la mémoire
Ouvre et déchire ce qu'il fut

Nul ne guérit de son enfance de son enfance
Nul ne guérit de son enfance de son enfance

5. Belle cruelle et tendre enfance
Aujourd'hui c'est à tes genoux
Que j'en retrouve l'innocence
Au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras ouvre ton âme
Que j'en savoure en toi le goût
Mon amour frais mon amour femme
Le bonheur d'être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance de mon enfance
Pour me guérir de mon enfance de mon enfance

 

 

 

Barbara chante :
Mon Enfance

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J'ai eu tort, je suis revenue,
Dans cette ville, au loin, perdue,
Où j'avais passé mon enfance,
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir,
Le coteau où glisse le soir,
Bleu et gris, ombre de silence,
Et j'ai retrouvé, comme avant,
Longtemps après,
Le coteau, l'arbre se dressant,
Comme au passé,
J'ai marché, les tempes brûlantes,
Croyant étouffer sous mes pas,
Les voix du passé qui nous hantent,
Et reviennent sonner le glas,
Et je me suis couchée sous l'arbre,
Et c'était les mêmes odeurs,
Et j'ai laissé couler mes pleurs,
Mes pleurs,
J'ai mis mon dos nu à l'écorce,
L'arbre m'a redonné des forces,
Tout comme au temps de mon enfance,
Et longtemps, j'ai fermé les yeux,
Je crois que j'ai prié un peu,
Je retrouvais mon innocence,
Avant que le soir ne se pose,
J'ai voulu voir,
La maison fleurie sous les roses,
J'ai voulu voir,
Le jardin où nos cris d'enfants
Jaillissaient comme sources claires,
Jean, Claude et Régine et puis Jean,
Tout redevenait comme hier,
Le parfum lourd des sauges rouges,
Les dahlias fauves dans l'allée,
Le puits, tout, j'ai retrouvé,
Hélas,

 

La guerre nous avait jetés là,
D'autres furent moins heureux, je crois,
Au temps joli de leur enfance,
La guerre nous avait jetés là,
Nous vivions comme hors-la-loi,
Et j'aimais cela, quand j'y pense,
Oh mes printemps, oh mes soleils,
Oh mes folles années perdues,
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles,
Que j'ai mal d'être revenue,
Oh les noix fraîches de septembre,
Et l'odeur des mûres écrasées,
C'est fou, tout, j'ai tout retrouvé,
Hélas,

 

Il ne faut jamais revenir,
Au temps caché des souvenirs,
Du temps béni de mon enfance,
Car parmi tous les souvenirs,
Ceux de l'enfance sont les pires,
Ceux de l'enfance nous déchirent,
Vous, ma très chérie, ô ma mère,
Où êtes-vous donc, aujourd'hui,
Vous dormez au chaud de la terre,
Et moi, je suis venue ici, pour y retrouver votre rire,
Vos colères et votre jeunesse,
Mais je suis seule avec ma détresse,
Hélas,

 

Pourquoi suis-je donc revenue,
Et seule, au détour de ces rues,
J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche,
Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie,
Elle dort à jamais mon enfance.

posté le 28 novembre 2015

 

Liste générale des Français de 107 ans et plus
174 PERSONNES LE 28 NOVEMBRE 2015
Etude au 28 novembre 2015

1.Eudoxie BABOUL, 01 octobre 1901, Guyane / Matoury (7)
2.Thérèse LADIGUE, 15 février 1903, Rhône-Alpes / Rhône / Saint-Priest (22)
3.Elisabeth COLLOT, 21 juin 1903, Rhône-Alpes / Isère / Echirolles (31)
4.Honorine RONDELLO, 28 juillet 1903, PACA / Var / Saint-Maximin (36)
5.Mélanie LEBLAIS, 4 septembre 1903, Pays de la Loire / Sarthe / Ruaudin (40)
6.Mathilde DUPRAY, 31 octobre 1903, Bretagne / Côtes-d'Armor / Fréhel (47)
7.Henriette BŒUF, 4 novembre 1903, Champagne-Ardenne / Marne / St-Martin-d'Ablois (49)
8.Lucile RANDON, 11 février 1904, PACA / Var / Toulon (65)
9.Huguette MASSON, 27 juin 1904, Pays-de-la-Loire / Sarthe / Le Mans (82)
10.Georgette VOLTON, 10 juillet 1904, Centre-Val-de-Loire / Cher / Les Aix-d'Angillon (85)
11.Ilse WEISZFELD, 16 octobre 1904, Ile-de-France / Paris XXe (née en Autriche) (94)
12.Germaine MARTIN, 25 octobre 1904, Poitou-Charentes / Deux-Sèvres / Mougon (96)
13.Renée BOISSEAU, 3 décembre 1904, Centre / Indre-et-Loire / Tours
14.Marie-Antoinette RADIX, 7 décembre 1904, Rhône-Alpes / Rhône / Vaugneray
15.Jeanne BOT, 14 janvier 1905, Languedoc-Roussillon / Pyrénées Orientales / Perpignan
16.Juliette JOCHER, 11 mars 1905, Auvergne / Puy-de-Dôme / Clermont-Ferrand
17.Marie-Claire BRISSAUD, 12 mars 1905, Poitou-Charentes / Vienne / Montmorillon
18.Mathilde LARTIGUE, 25 mars 1905, Languedoc-Roussillon / Hérault / Montpellier
19.Madeleine RAGON, 27 mars 1905, Picardie / Oise / Gouvieux
20.Germaine JACMEL, 20 avril 1905, Guadeloupe / Gourbeyre
21.Marcelle ADDA, 3 juin 1905, Ile-de-France / Yvelines / Le Mesnil-Saint-Denis
22.Eugénie RAFFY, 13 juillet 1905, Aquitaine / Gironde / Bordeaux
23.Roger GOUZY, 23 juillet 1905, Languedoc-Roussillon / Aude / Narbonne 1er homme
24.Léontine ROUSSELOT, 23 juillet 1905, Bretagne / Côtes d'Armor / Pléneuf-Val-André
25.Anonymat non levé, 6 août 1905, Aquitaine / Pyrénées-Atlantiques/ ?
26.Marcelle GOURDINET, 15 novembre 1905, Rhône-Alpes / Isère / Bourgoin-Jallieu
27.Isabelle BOIZEAU, 18 novembre 1905, Centre / Loiret / Montargis
28.Jeanne Aubert, 29 novembre 1905, Haute-Normandie / Seine-Maritime / Le Havre
29.Marguerite Duperray, 12 février 1906, Rhône-Alpes / Rhône / Tarare
30.Marie Legrand, 20 février 1906, Basse-Normandie / Calvados / Cambremer
31.Robert Bourdon, 25 mars 1906, PACA / Alpes Maritimes / Saint-Etienne-de-Tinée 2e homme
32.Anoncia Irma Agathe (Man'ma), 26 mars 1906, Guadeloupe / Capesterre-Belle-Eau
33.Jeanne Lara, 1er avril 1906, Languedoc-Roussillon / Pyrénées-Orientales / Perpignan
34.Marthe Bouennec, 4 avril 1906, Bretagne / Finistère / Brest
35.Lucie Leloup, 6 mai 1906, Languedoc-Roussillon / Hérault / Baillargues
36.Georgette Dupont, 6 mai 1906, Midi-Pyrénées / Haute-Garonne / Cadours
37.Francine Boulot, 24 mai 1906, Bourgogne / Côte-d'Or / Dijon
38.Marie Marchenay, 23 juin 1906, Languedoc-Roussillon / Hérault / Montpellier
39.Renée Gautier, 30 juin 1906, Pays-de-la-Loire / Maine-et-Loire / Torfou
40.Marie-Louise Taterode, 17 juillet 1906, Auvergne / Puy-de-Dôme / Lezoux
41.Emilienne Waquet, 31 juillet 1906, Nord-Pas-de-Calais / Nord / Sin-le-Noble
42.Andrée Besnier, 17 août 1906, Champagne-Ardenne / Ardennes / Charleville-Mézières
43.Albertine Larroque, 28 août 1906, Midi-Pyrénées / Tarn / Ambialet
44.Marie Dacier, 20 septembre 1906, Centre / Loiret / Coullons
45.Marie Dorval, 5 octobre 1906, Bretagne / Finistère / Châteauneuf-du-Faou
46.Marthe Linteau, 15 octobre 1906, Poitou-Charentes / Vienne / La chapelle-Moullière
47.Eugénie Grandvaux, 19 octobre 1906, Franche-Comté / Jura / Lons-le-Saunier
48.Valentine Ligny, 22 octobre 1906, Picardie / Somme / Amiens
49.Marie Dhauyre, 31 octobre 1906, Aquitaine / Gironde / Arès
50.Georges Massard, 2 novembre 1906, Basse-Normandie / Calvados / Grandcamp-Maisy 3e homme
51.Elise Cambar, 2 novembre 1906, Centre-Val-de-Loire / Cher / Lignières
52.Béatrice Seiman, 9 novembre 1906, Ile-de-France / Paris / Paris XVII
53.Marie Lichet, 25 novembre 1906, Bourgogne / Saône-et-Loire / Chaintré
54.Fernande Bataille, 5 décembre 1906, PACA / Alpes Maritimes / Nice
55.Odette Duretz, 9 décembre 1906, Ile-de-France / Val-d'Oise / PierreLaye
56.Marie-Joseph Ragot, 9 décembre 1906, Auvergne / Allier / Moulins
57.Alice Puvis de Chavannes, 10 décembre 1906, Rhône-Alpes / Rhône / Lyon V
58.Adma Tura, 25 décembre 1906, Languedoc-Roussillon / Pyrénées Orientales / Argelès-sur-Mer
59.Marie Ranc, 10 janvier 1907, Pays-de-la-Loire / Mayenne / Saint-Berthevin
60.Marie-Laurence Le Mogne, 19 janvier 1907, Bourgogne / Saône-et-Loire / Cluny
61.Appolonie Mouton, 20 février 1907, PACA / Alpes-Maritimes / Coursegoules
62.Inès Paris, 1er mars 1907, Lorraine / Vosges / Bruyères
63.Olga Bouchet, 5 mars 1907, Midi-Pyrénées / Hautes-Pyrénées / Tarbes
64.Marguerite Debail, 6 mars 1907, Lorraine / Vosges / Epinal
65.Marguerite Simon, 10 mars 1907, Ile-de-France / Val-de-Marne / Vincennes
66.Marguerite Hardy, 14 mars 1907, Basse-Normandie / Orne / La Ferté-Macé
67.Eugénie Laronche, 18 mars 1907, Basse-Normandie / Manche / Fermanville
68.Henriette Portes, 21 mars 1907, Midi-Pyrénées / Tarn / Albi
69.Sr Simone Segoin, 24 mars 1907, Ile-de-France / Seine-et-Marne / Dammarie-les-Lys
70.Georgette Tillier, 27 mars 1907, Franche-Comté / Haute-Saône / Pesmes
71.Odette Gaucher, 15 avril 1907, Aquitaine / Dordogne / Saint-Astie
72.Jeannine Guillemin, 6 juin 1907, Bourgogne / Saône-et-Loire / Senecé-lès-Mâcon
73.Gabrielle Thénier, 6 juin 1907, PACA / Alpes-Maritimes / L'Escarène
74.Irène Lepetit, 16 juin 1907, Midi-Pyrénées / Hautes-Pyrénées / Tarbes
75.Marie-Florentine Jousseaume, 17 juin 1907, Pays-de-la-Loire / Vendée / Chantonnay
76.Colette Witkiewicz, 18 juin 1907, Nord-Pas-de-Calais / Nord / Villeneuve-d'Ascq
77.Yvonne Bouton, 24 juin 1907, Franche-Comté / Jura / Salins-les-Bains
78.Simone Becquereau, 4 juillet 1907, Centre-Val-de-Loire / Loir-et-Cher / Vendôme
79.Juliette Boulivet, 8 juillet 1907, Basse-Normandie / Orne / Bures
80.Noémie Ferret, 25 juillet 1907, Midi-Pyrénées / Haute-Garonne / Saint-Gaudens
81.Marie-Louise Berthelot, 29 juillet 1907, Pays-de-La-Loire / Mayenne / Renazé
82.Andrée Michon, 29 juillet 1907, Lorraine / Meurthe-et-Moselle / Pont-à-Mousson
83.Yvonne Brot, 1er août 1907, Languedoc-Roussillon / Gard / Chusclan
84.Charlotte Capel, 3 août 1907, Basse-Normandie / Calvados / Le Molay-Littry
85.Anne-Marie Perrot, 9 août 1907, Rhône-Alpes / Isère / Bourgoin-Jallieu
86.Louise Rolando, 25 août 1907, Franche-Comté / Jura / Saint-Claude
87.Gilberte Cluet, 27 août 1907, Picardie / Aisne / Saint-Quentin
88.Georgette Vlieghe, 2 septembre 1907, Centre / Loiret / La Chapelle-Saint-Mesmin
89.Marguerite Bic, 5 septembre 1907, Ile-de-France / Essonne / Athis-Mons
90.Roger Gamet, 12 septembre 1907, Languedoc-Roussillon / Gard / Rochefort-du-Gard 4e homme
91.Thérèse Thome, 1er octobre 1907, Languedoc-Roussillon / Pyrénées Orientales / Le Soler
92.Salomé Ritter, 6 octobre 1907, Alsace / Bas-Rhin / Geudertheim
93.Madeleine Eymery, 14 octobre 1907, PACA / Bouches-du-Rhône / Allauch
94.Jeanne Bonnot, 18 octobre 1907, Franche-Comté / Doubs / Seloncourt
95.Marie Maire, 1er novembre 1907, Rhône-Alpes / Savoie / Challes-les-Eaux
96.Maryse Lancioni, 8 novembre 1907, PACA / Alpes-Maritimes / Eze
97.Lucien Inglès, 13 novembre 1907, Languedoc-Roussillon / Pyrénées Orientales / Elne 5e homme
98.Germaine Biard, 17 novembre 1907, Bourgogne / Nièvre / Châteauneuf-Val-de-Bargis
99.Germaine Donnet, 24 novembre 1907, Pays-de-la-Loire / Sarthe / Loué
100.Maria Coussy, 17 décembre 1907, Aquitaine / Dordogne / Saint-Martial-d'Albarède ou Thiviers
101.Madeleine Sérès, 14 janvier 1908, Languedoc-Roussillon / Aude / Narbonne
102.Simone Duval, 25 janvier 1908, Ile-de-France / Seine-et-Marne / Esbly
103.Violette Albert, 4 mars 1908, Franche-Comté / Jura / Saint-Amour (née à Lugano en Suisse)
104.Juliette Mervellet, 12 mars 1908, Alsace / Haut-Rhin / Colmar
105.Jeanne Bon, 17 mars 1908, Rhône-Alpes / Ain / Villars-lès-Dombes
106.Andrée Riotte, 17 mars 1908, Rhône-Alpes / Rhône / Thizy-les-Bourgs
107.Roger Auvin, 20 mars 1908, Poitou-Charentes / Deux-Sèvres / Limalonges 6e homme
108.Marguerite Arnaud, 2 avril 1908, Centre / Loir-et-Cher / Pierrefite-sur-Sauldre
109.Marie Carré, 15 avril 1908, Bourgogne / Côte-d'Or / Chenôve
110.Jeanne Claudel, 15 avril 1908, Ile-de-France / Essonne / Saint-Michel-sur-Orge
111.Lucienne Richard, 16 avril 1908, Centre-Val-de-Loire / Loiret / Dry
112.Juliette Esclarmonde, 24 avril 1908, Midi-Pyrénées / Hautes-Pyrénées / Sarrancolin
113.Louise Bégard, 4 mai 1908, Nord-Pas-de-Calais / Nord / Gouzeaucourt
114.Lydie-Louise Abraham, 5 mai 1908, PACA / Alpes-Maritimes / Menton
115.Rose Campos, 6 mai 1908, Rhône-Alpes / Rhône / Lyon
116.Marthe Manciet, 7 mai 1908, Midi-Pyrénées / Tarn / Verdalle
117.Marcel Gomilla, 8 mai 1908, Languedoc-Roussillon / Hérault / Montpellier 7e homme
118.Marcelle Grondin, 9 mai 1908, La Réunion / Saint-Louis
119.Odette Forteguerre, 10 mai 1908, Ile-de-France / Hauts-de-Seine / Issy-les-Moulineaux
120.Germaine Doublet, 13 mai 1908, Nord-Pas-de-Calais / Pas-de-Calais / Audruicq
121.Marie-Louise Delefortrie, 18 mai 1908, Nord-Pas-de-Calais / Nord / Mons-en-Baroeul
122.Louise Dalesme, 21 mai 1908, Rhône-Alpes / Rhône / Lyon VIII
123.Pierre Balle, 26 mai 1908, Auvergne / Haute-Loire / Saugues 8e homme
124.Marie-Louise Poitevin, 27 mai 1908, Poitou-Charentes / Vienne / Château-Garnier
125.Jeanne Lebeau, 31 mai 1908, Bretagne / Ile-et-Vilaine / Vitré
126.Angéline Abadie, 1er juin 1908, Aquitaine / Dordogne / Montignac
127.Lucienne Dechanet, 18 juin 1908, Bourgogne / Yonne / Avallon
128.Simone Pougeois-Cassel, 21 juin 1908, Picardie / Somme / Albert
129.Marie Bouillard, 8 juillet 1908, PACA / Var / Saint-Tropez
130.Madeleine Sensenbrenner, 13 juillet 1908, Alsace / Bas-Rhin / Obernai
131.Madeleine Clénet, 13 juillet 1908, Pays-de-La-Loire / Loire-Atlantique / La Chevrolière
132.Renée Aumaréchal, 29 juillet 1908, Centre-Val-de-Loire / Cher / Bourges
133.Henriette Franchet, 29 juillet 1908, Centre-Val-de-Loire / Loir-et-Cher / St Aignan
134.Marie-Louise Daguier, 30 juillet 1908, Bourgogne / Saône-et-Loire / Cluny
135.Christiane Giraudet, 3 août 1908, Aquitaine / Gironde / Salleboeuf
136.Marie-Rose Auffray, 14 août 1908, Bretagne / Côtes-d'Armor / Pordic
137.Andrea Mangin, 14 août 1908, Centre-Val-de-Loire / Loir-et-Cher / Vendôme
138.Marie-Louise Clouté, 21 août 1908, Aquitaine / Pyrénées-Atlantiques / Cosledàà-Lube-Boast
139.Régina Dugast, 22 août 1908, Pays-de-la-Loire / Vendée / Bouin
140.Clémentine You, 24 août 1908, Pays-de-la-Loire / Vendée / Saint-Fulgent
141.Laurencine Deletre, 26 août 1908, La Réunion / Saint-Denis
142.Marie Allène, 26 août 1908, PACA / Bouches-du-Rhône / Marseille
143.Marie Pison, 30 août 1908, Lorraine / Moselle / Vantoux
144.Paulette Être, 3 septembre 1908, Lorraine / Vosges / Dommartin-sur-Vraine
145.Henriette Cardaire, 15 septembre 1908, Picardie / Somme / Matigny
146.Jean Touzot, 18 septembre 1908, Midi-Pyrénées / Tarn / Albi 9e homme
147.Marcel Bouard, 27 septembre 1908, Centre-Val-de-Loire / Eure-et-Loire / Châteaudun 10e homme
148.Germaine Cazalbou, 1er octobre 1908, Midi-Pyrénées / Ariège / Mazères
149.Renée Jallon, 5 octobre 1908, Centre-Val-de-Loire / Eure-et-Loir / Chartres
150.Amélie Galaud, 19 octobre 1908, Languedoc-Roussillon / Gard / Nîmes
151.Marcelle Viaule, 23 octobre 1908, Midi-Pyrénées / Tarn / Albi
152.Georgette Dessaint, 24 octobre 1908, Nord-Pas-de-Calais / Pas-de-Calais / Lievin
153.Marie Jubien, 28 octobre 1908, Ile-de-France / Seine-Saint-Denis / Aulnay-sous-Bois
154.Irène Vachon, 28 octobre 1908, Poitou-Charentes / Charente-Maritime / Saint-Jean-d'Angély
155.Toussaint Vaillant, 1er novembre 1908, Martinique / Fort-de-France 11e homme
156.Lucienne Godard, 3 novembre 1908, Poitou-Charentes / Charente-Maritime / Dirac
157.Marcel Darcy, 7 novembre 1908, Bourgogne / Côte-d'Or / Daix 12e homme
158.Zénobie Marion, 19 novembre 1908, La Réunion / Saint-Joseph

159. Delfina Martini, 30 novembre 1908, Ile-de-France / Seine-et-Marne/ Amillis
décédée le 28 novembre 2015 à 106 ans et 363 jours

Dates de naissance inconnues :
Madeleine Dailland, 109 ans au 14 octobre 2015, Pays-de-la-Loire / Sarthe / Le Mans
Madeleine Chat, 108 ans au 11 novembre 2015, Bourgogne / Yonne / Auxerre
Marie Bouveret, 108 ans vers le 15 décembre 2015, Franche-Comté / Jura / Salins-les-Bains.

posté le 28 novembre 2015

Pascale, Delfina Martini et Fernande

Pascale, Delfina Martini et Fernande ( 30 décembre 2014)

 

 

Edda Martini raconte ses souvenirs

Salut à vous. Edda Martini va essayer de vous donner le plus de renseignements sur nos origines :

D'abord commençons par les Martini : notre grand-père Giovanni Battista venait d'une famille d'agriculteurs de la province de Venise mais n'était pas vénitien, il était "veneto" c'était une famille en vue car l'oncle de G.B. était évêque c'était une fierté de la famille et ils avaient une rue à leur nom à Montebelluna "la via dei Martini". G.B. est né vers les années 1860 et quand il a eu 20 ans ses parents et leurs nombreux enfants décidèrent d'émigrer en Argentine pour vivre moins chichement, mais à Gênes lors de l'embarquement G.B. a été arrêté car il devait faire son service militaire obligatoire si bien que toute la famille est partie sans lui, ça a été le chagrin de sa vie car il ne les a jamais revus sauf un frère bien des années plus tard qui a fait un court séjour à Crocetta. Après son service militaire en Val d'Aoste, G.B. n'ayant plus de famille est parti au Canada pour être bûcheron et défricher la région de Montréal et essayer de rapporter un peu d'argent pour s'installer en Italie. Ensuite, il travailla dans le percement du métro parisien et il en avait gardé un très mauvais souvenir de travailler dans ces tunnels. Quand il est revenu il s'est installé à Altivole commune du Haut Adige et il s'est marié avec Regina Stefan qui venait du Trentin Haut Adige, région frontalière avec l'Autriche d'où ce nom de consonance autrichienne. Ils eurent 13 enfants dont 3 moururent en bas âge et trois jeunes adultes avant leurs 30 ans. Ils s'installèrent quelques années plus tard à Crocetta del Montello en Vénétie (province de Trévise). Leur ferme était modeste, une vache, une truie que l'on tuait en novembre, des poules, des oies, etc. Ils cultivaient le maïs indispensable pour la polenta car ils n'avaient pas de pain, la vigne car ils se faisaient leur piquette, tous les légumes, et surtout les mûriers dont les feuilles servaient à nourrir les vers à soie, car il y avait une filature à Montebelluno. Comme tout cela n'assurait pas un revenu suffisant G.B. travaillait en plus dans une usine où l'on traitait le chanvre pour faire des cordages des tissus, etc. car cette plante était cultivée dans la région. Dans les enfants restants l'aînée Maria était mariée à Arturo Fancheschini qui s'était fait une petite fortune en Californie dans les mines d'or, et qui a pu s'acheter la plus belle ferme de la région, ils ont eu 4 filles, nos cousines, plus Césarina que Maria a eue en Sicile contre son gré et qui a été élevée par la grand-mère Regina. Une autre fille Virginia avait trois enfants et était mariée avec un ouvrier agricole, les filles célibataires Albine et Antonietta étaient respectivement intendante dans un petit manoir des environs et religieuse qui est sortie des ordres quand G.B. est devenu veuf si bien qu'elle pouvait s'occuper de son père. Gildo un des deux fils était maçon et marié à Maria Durighella qui n'était pas de la région, ils n'ont jamais eu d'enfant, et c'était un drame pour eux. Presque toutes les femmes de la famille et de la région travaillaient dans la filature à prendre les cocons bouillants à mains nues pour accrocher les fils à soie à d'énormes bobines. Maintenant parlons d'Angelo notre père, il est né en 1902 à Altivole et à l'âge de treize ans il travaillait déjà sur les chantiers, pendant que toute sa famille était réfugiée en Sicile à cause de l'invasion autrichienne, qui leur avait complètement démoli leur maison. Inutile de dire que l'école, il la voyait de loin, d'ailleurs il disait quand il était enfant "c'est la vache qui m'a mangé mon livre". Bien sûr il était maçon et après son service militaire à Pola (qui s'appelle maintenant Pula et qui n'est plus une ville italienne) il était sur les chantiers de toutes sortes de villes du nord de l'Italie et en 1925 ou 26 , il a atterri à Voghera en Ligurie où habitait une famille qui s'appelait Raiteri.....

 

Maintenant parlons des Raiteri,

Franchesco Giuseppe Raiteri était conducteur de trains à vapeur, ce qui était un position honorable et lucrative, en comparaison de la famille Martini, mais en fait ce nom totalement italien n'était pas le nom de ses ancêtres car son père s'appelait Reiter nom allemand qui signifie "cavalier", mais quand il avait voulu se faire embaucher aux chemins de fer italiens on lui a demandé d'italianiser son nom, ou on ne lui donnerait pas la place ! Il faut dire que les Allemands n'étaient pas bien vus dans le nord du Piémont où il habitait. Sa femme Maria notre grand-mère venait de Castelceriolo, petite ville près d'Asti, où ses parents étaient agriculteurs, sa mère Rosa  Aqua était du coin et avait été élevée par son oncle curé car elle était orpheline. Chose rare à cette époque, elle était née en 1850, elle savait parfaitement lire et écrire si bien qu'elle était devenue la guérisseuse de l'endroit. Un jour qu'un ouvrier agricole s'était fendu totalement le talon avec sa faux elle lui a mis une bouse de vache collectée au cul de la vache pour ne pas salir cette bouse et l'a mise sur la plaie, et si la guérison est venue c'est que dans la bouse il y a du pénicillium, comme quoi Fleming n'a rien inventé, elle savait que ça guérissait mais ne savait pas pourquoi. Quand Rosa eut 15 ans elle dut se marier car on ne demandait pas leur avis aux filles, en fait on les donnait en mariage, son futur avait 10 ans de plus qu'elle et était rouquin (vous savez maintenant pourquoi maman était rousse). Je dois ajouter qu'en fait ils ne sont pas nés italiens, car avant 1860 le Piémont faisait du royaume de Piémont Sardaigne, et c'est seulement en 1860 qu'ils devinrent italiens. Ils eurent plusieurs enfants dont certains émigrèrent également en Argentine, et notre grand-mère Maria. A cause de son métier Franchesco et Maria ont vécu dans diverses villes dont Savona où est née Delfina notre mère, et ensuite Voghera. Il eurent 5 garçons et une fille, un mourut en bas âge, les 4 garçons Louigi devint journaliste fasciste marié avec des filles, et un garçon d'une précédente liaison, Térésio marié sans enfant était devenu directeur dans les charbonnages de Gênes, Giovanni après avoir été dans la campagne de Russie et revenu dans un triste état a émigré en Sud Africa avec sa femme et ses filles, et Fiorenzo après avoir été au séminaire de Turin et très instruit, est devenu cadre à la Fiat. Et Delfina, dans tout cela bien sûr elle n'eut pas droit aux études comme ses frères elle a dû apprendre la couture, car une fille c'était fait pour être une femme d'intérieur.

Donc Delfina et Angelo se sont rencontrés à Voghera, se sont mariés et sont partis à Crocetta où Velia est née en 1927 et moi en 1929. Comme Delfina ne s'entendait pas très bien avec sa belle-mère ils sont partis vivre à Milan très peu de temps car Angelo a reçu une demande de recrutement pour un travail à Villemomble, donc Angelo est parti en 1930 et Delfina et les deux filles retournèrent vivre à Crocetta. Quand Delfina reçut l'argent du voyage en 1932, nous partîmes toutes les trois non sans avoir fait le détour chez les Raiteri, et nous avons débarqué à Villemomble dans ce que l'on pourrait appeler un demi taudis, ma mère qui avait toujours connu des appartements confortables avec salle de douche froide bien sûr était désolée et le mot est faible. Bien sûr neuf mois après naissait Antoine, ensuite Jeanine, Alice et Fernande. Entre temps en 34 Velia nous quittait et Alice en 36.  Je ne parlerai pas du traumatisme !! Puisqu'il s' agit d'Antoine c'était un magnifique petit bonhomme avec des superbes boucles, mais un jour que maman était au marché, le petit râlait parce qu'il avait trop chaud, si bien que papa a pris la tondeuse et lui a mis la boule à zéro, à son retour maman a failli avoir une attaque !! Pour la suite Antoine est capable de raconter sa jeunesse et je veux lui laisser le loisir de raconter à ses petits-enfants ses bêtises car elles étaient plutôt comiques !

Bien sûr il y a encore un tas de choses à dire, mais ça c'est l'essentiel ! Je vous embrasse

 

 

 

Giovanni MARTINI  Régina STEFFAN

Giovanni MARTINI (1869 - ? ) et Régina STEFFAN (1859 - ? )
... les parents de Angelo MARTINI

 

Francesco RAITERI  Maria ARATA

Francesco RAITERI (1870 - ? ) et Maria ARATA ( ? - ? )
...les parents de Delfina MARTINI

 

 

 

New-York 18 novembre 1939

Ce n'était pas le 30 novembre 1939
- ma date de naissance -
mais le 18 novembre à New-York !
                         Fernande

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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