C'était le samedi 24 novembre 2018
Moi, le Châtaignier
De nom latin Castanea sativa, je suis membre de la famille des Fagacées, comme le Hêtre et le Chêne.
Castanea viendrait du grec kastanon, faisant référence à une ville du même nom en Thessalie, renommée dans l'Antiquité pour la qualité des châtaignes qu'on y récoltait. Sativa signifie cultivé.
Originaire d'Europe méridionale et orientale, je couvre globalement environ 1,5% de la forêt française.
Répandu par l'homme
Mes grandes feuilles dentelées se présentent souvent par paquets.
Essence de lumière ou demi-ombre, je peux me contenter de sols pauvres, acides ou sableux.
Cependant, je crains les grands froids et les sols calcaires. La Bretagne et le Massif Central correspondent à mes attentes et j'y suis très présent. Je m'associe au Pin sylvestre et au Chêne sessile, mais j'apprécie surtout de me retrouver avec mes semblables.
Je suis un bon moyen de protection contre les incendies.
Je prospère en moyenne montagne (800 m), parfois jusqu'à 1000 m d'altitude. C'est l'homme qui m'a étalé sur le territoire français à partir du littoral méditerranéen.
Je suis aussi fréquemment planté dans les parcs publics ou utilisé pour former des haies à recépage facile.
Une exceptionnelle longévité !
Un de mes records est ma longévité ! J'atteins les 500 à 1.000 ans et il existe même en Sicile, sur une pente de l'Etna, un châtaignier colossal de 62 mètres de circonférence, âgé d'environ 3.000 ans.
Mon tour de tronc voisine facilement avec les 10 m et je monte jusqu'à 35 m de haut : impressionnant, non ?
Quant à mes rameaux, ils poussent de manière tortueuse, participant ainsi à l'impression de puissance que je dégage.
Mon écorce brune est d'abord lisse, puis se crevasse en spirale, au fil des ans.
Comme la plupart des feuillus, je suis un Dicotylédone : à l'état embryon, dans la graine, je possède deux cotylédons, des lobes foliacés qui me servent de réserves.
Mes grandes feuilles (jusqu'à 20 cm) sont disposées de façon alternée sur mes branches, pétiolées, coriaces et bordées de grosses dents pointues.
De vert luisant, elles passent à l'automne par un beau jaune éphémère avant de virer au marron. Marcescentes, elles se dessèchent sur mes branches avant de tomber en hiver.
Vous connaissez bien mes bogues épineuses
Piquantes comme des oursins, mes bogues enveloppent une à deux châtaignes
Dès mes 20 ans, je fleuris.
Mes fleurs apparaissent en juin-juillet. Comme mes chatons mâles et femelles ne sont pas mûrs en même temps, il ne peut y avoir d'auto-fécondation. Ce sont le vent et les insectes qui s'en chargent en transportant le pollen.
En octobre, mes bogues épineuses abritent chacune trois châtaignes.
D'un diamètre de 6 cm, elles sont recouvertes d'épines et s'ouvrent en 4 parties. C'est entre 40 et 60 ans que j'en produis le plus !
Lorsque les châtaignes tombent au sol, vers octobre-novembre, elles sont disséminées par des animaux (rongeurs, geais) : ils les enterrent pour se faire un garde-manger pour l'hiver. Mais, oubliant parfois où ils ont caché leurs réserves, ils offrent une chance aux graines de germer, une fois le printemps arrivé.
De la farine à la charpente, en passant par les castagnettes
De croissance rapide, je repousse facilement après la coupe et produis des tiges régulières et faciles d'emploi.
Mon bois brun clair servait autrefois à la tonnellerie et en bois de mine. Actuellement, je suis utilisé, en menuiserie, petite charpente, piquets et également pour la couverture de bâtiments sous la forme de lauzes de châtaigniers.
Parfois atteint par le défaut de roulure (les cernes se décollent), je ne puis alors être utilisé pour des poutres de grande section. Pourtant mes poutres chassent les araignées !
J'ai fait l'objet de nombreuses autres utilisations : riche en tanins (5 à 8%), j'ai été très largement exploité pour cette raison, surtout dans la région lyonnaise au XIXe siècle ; les castagnettes sont faites de mon bois ; mes feuilles servent parfois à parfumer et emballer le fromage de chèvre ; autrefois utilisées comme farine, mes châtaignes sont désormais surtout appréciées en confiserie pour les « marrons » glacés.
Quant au miel tiré de mes fleurs, il est foncé et de goût prononcé.
La foire de Monthéty
Dans le bois de Monthéty ou Monthély, (à l'époque sur le territoire de la paroisse de Lésigny), Maurice de Sully, évêque de Paris, créa en 1167 l’abbaye de Monthéty. Son existence fut éphémère : quelques décennies plus tard elle avait disparu ; ses terres et biens, ainsi que la gestion spirituelle et temporelle de la chapelle dédiée à la Vierge Marie revinrent à l’abbaye d’Hyverneau, ou d'Hiverneau, toute proche.
La poursuite d’un culte dans cette chapelle de Monthéty fit se créer peu à peu un pèlerinage. Plus tard, en raison du grand nombre de fidèles attirés sur les lieux, à la requête des religieux d'Hivernaux, abbaye voisine, aujourd'hui détruite, une foire s’installe en 1512. Cette foire considérable de bestiaux, se tient le 19 septembre et dure deux jours. Elle durera jusqu’au xxe siècle, la foire aux bestiaux étant peu à peu complétée par une fête foraine et populaire. Objet d'un litige entre les communes de Lésigny et Ozoir-la-Ferrière, la gestion de la foire revint à cette dernière.
Au xxe siècle, la Monthéty était devenue une simple grande fête foraine mais fort réputée ; dans les années 1930, elle fut déplacée de l’autre côté de la RN 4 puis disparut une dizaine d'années après la Seconde Guerre mondiale.
« La Monthéty » subsiste dans la mémoire populaire, dans les écrits des historiens locaux. Le lieu, laissé à l'abandon, a été autrefois défiguré par une décharge, l'emplacement de l'ancien champ de foire est encore visible ainsi que l'ancienne route menant à Lésigny, bordée d'arbres centenaires.
Foire aux bestiaux de Monthéty :
une fête devenue populaire
(D’après « Revue du traditionnisme », paru en 1909)
C’est dans le bois de Monthéty, près de Lésigny, qu’est érigée en 1167 par l’évêque de Paris une abbaye du même nom qui disparaît quelques décennies plus tard, la poursuite d’un culte dans la chapelle présidant à la création d’un pèlerinage, lui-même entraînant l’avènement en 1512 d’une foire aux bestiaux devenue bientôt fête populaire et se déroulant chaque année, les 9 et 10 septembre, jusque dans les années 1950.
Aller à Monthéty ! Ca ne vous dit rien ? C’est que vous n’êtes ni garçon boucher, ni marchand de vin, ni forain, ni banlieusard côté Est, habitant Champigny, Le Perreux, La Varenne, Brie-sur-Marne, ni villageois natif de Lésigny, Pontault-Combault, Roissy-en-Brie, Ozoir-la-Ferrière, Fontenay, Tournant et autres lieux circonvoisins. Pour ces multiples et diverses catégories de vivants, de bons vivants, Monthéty était encore au milieu du XXe siècle un vocable joyeux et truculent, qui éveillait dans les âmes des désirs poivrés de bombances, de sauteries tournoyantes, au rythme saccadé des cuivres, de flirts violents et d’accordailles sur l’heure.
Vingt lieues à la ronde du vaste champ cerné de futaies qu’était Monthéty, on se faisait fête, pendant des mois, d’aller à la foire qui s’y tenait les 9 et 10 septembre, d’y chanter, d’y valser, d’y boire et d’y lutiner en gauloise compagnie. Il faudrait l’esprit de Rabelais pour célébrer dignement ces jours de liesse populaire, où des milliers de humeurs de plot « beuvent le bon sirop vignolat qui vous peurge le cerveau des phlegmes et vous soulaige ».
L’origine de cette réunion champêtre se perd dans la nuit des temps, ou, pour employer le langage plus solennel encore de l’auteur d’une notice sur le sujet qui nous occupe, « un voile épais règne sur l’époque et la cause de sa création ». Le couvent des Hiverneaux, propriété dès le XIIe siècle des riches moines de Saint-Augustin, était voisin du vaste champ de quarante arpents dit Monthéty. Les religieux, experts dans l’art d’amener à eux les foules, y élevèrent un oratoire sous l’invocation de Notre-Dame de Septembre. Chaque années, un prêtre, le curé de Lésigny, délégué par le prieur, disait une grand’ messe dans cette petite chapelle. Bientôt, le bruit se répandit au loin que la sainte image guérissait les malades et surtout les fiévreux.
La clientèle accourut, innombrable, et, avec elle, les marchands, les saltimbanques, les bohémiens et les mendiants. Naturellement, un marché s’établit en ce lieu, d’autant plus facilement qu’une légende habilement propagée, toujours au loin, donnait à croire que sur le champ de Monthéty, jamais les mouches n’assaillaient les bestiaux, même pendant les plus fortes chaleurs. Les paysans, confiants, amenèrent leurs chevaux, leurs bœufs à cette foire miraculeuse, et les droits d’emplacement s’accumulèrent aux mains des pères augustins. Bonne affaire ! Vint la Révolution : le couvent fut rasé, la chapelle détruite, mais la réjouissance, tradition indestructible, se prolongea jusque dans les années 1950.
La caractéristique de la foire de Monthéty, c’était le déjeuner abondamment arrosé sous les grands arbres en lisière du champ aux vaches. Les fêtards venus de partout par milliers, de la Villette, de Bercy, des Halles et des pays de banlieue, apportaient dans leurs guimbardes des victuailles, du vin, de la bière, des alcools, et jusqu’à de l’eau, car on en trouvait difficilement sur place. Au début du XXe siècle, les voitures qui amenaient les visiteurs et leurs approvisionnements se rangeaient en longues files sur le côté de la route ; des nappes, des journaux étaient étendus sur le gazon, le couvert aussitôt mis et l’on attaquait les morceaux de résistance avec un entrain qui faisait envie. Des bouchons de cidre et de champagne claquaient comme des coups de fusil, les rires gras et secouants emplissaient d’une grosse gaieté la plaine ensoleillée. C’était pantagruélique et savoureux, d’une saveur forte et pimentée, à l’image d’une peinture de Téniers.
Ce Monthéty semblait d’ailleurs prédestiné aux noces et festins copieux. Tout près du champ de ces agapes monstres subsistait une maison de garde qui fut, au XVIIIe siècle, le théâtre de parties fines dont l’histoire locale a enregistré le scandale. Un érudit narre les faits avec un style si personnel qu’il serait malheureux de déflorer son récit :
« A cette dernière maison de garde, dit-il, se rattachent quelques souvenirs historiques. Elle fut construite par un médecin de Paris, M. de Saint-Mesmin, représentant un sieur Emery [le gaillard prenait un pseudonyme], qui toutes les semaines venait passer dans ce manoir deux ou trois jours, qu’il consacrait au dieu Bacchus et Cupidon. Ce joyeux docteur menait là, à ce qu’il paraît, avec une demoiselle Blanchard de Lésigny, beauté rare, une vie de Sardanapale, bien conforme du reste au temps de dissolution sous lequel il vivait [la Régence]. Il fit plus ! Pour ne laisser ignorer à personne l’espèce de corruption dont il faisait parade, il fit graver sur la première façade de la maison, à environ trois mètres du sol, cette inscription que l’on voit encore aujourd’hui [c’était en 1844 ; depuis elle a disparu] : Ma maison est petite, mais elle est la maison de la joie : Hic estur, bibitur, canitur, saltatur, amatur [On y mange, on y boit, on y chante, on y danse, on y aime] »
Si l’esprit de M. de Saint-Mesmin était revenu à ses amours terrestres et planait dans le voisinage, il devait éprouver de bien vives douleurs, subissant, le pauvre homme, le supplice de Tantale. On mangeait, on buvait, on aimait tout autour de sa petite maison.
A l’issue de ce banquet gigantesque, les foules accourues envahissaient les baraques foraines, dans un état psychologique tout à fait propice à cet ordre de plaisirs. Les cris-cris grinçaient, les bigophones nasillaient, les voix clamaient, les orgues de Barbarie gémissaient ; les cornets, les barytons, les basses éclataient et grondaient ; c’était cacophonique, formidable, ahurissant.
La Foire de Monthéty :
La Foire de Monthéty date du XIIIème siècle. C’est Hardouin de Beaumont de Péréfixe membre de l’Académie, nommé Archevêque de Paris en 1662 après avoir été percepteur de Louis XIV et Evêque de Rodez qui voulut procurer quelques avantages au village d’Ozoir-la-Ferrière dont il était le seigneur en 1668.
Il obtint des lettres patentes du Roi qui portaient l’établissement à Ozoir-la-Ferrière de deux foires par an et d’un marché par semaine à la Croix Blanche. Ces lettres ont été enregistrées au parlement le 3 septembre de cette même année. Sur l’opposition des chanoines d’Hyverneaux, le parlement avait réglé le 23 juillet 1678 que les deux foires d’Ozoir-la-Ferrière se tiendraient les deux jours du mois de septembre le 9 et le 10 qui suivraient la tenue de celle de Monthéty. Cette foire se situe sur une terre entourée de bois laquelle dépend du domaine des Agneaux et est située à 2 km du village. La prospérité de cette foire suscita bien vite des rivalités entre Lésigny et Ozoir-la-Ferrière. D’ailleurs, en 1667 un grave conflit opposait l’Abbé d’Hyverneaux et l’Evêque de Paris Hardouin de Péréfixe car chacun voulait s’approprier cette foire. En 1668 l’Evêque obtient du roi Louis XIV des lettres patentes l’autorisant à créer à Ozoir ses deux foires par an. Un document de 1766 stipule que le terrain appartenait à l’Archevêché de Paris et donc de la Seigneurie d’Ozoir-la-Ferrière.
Cette polémique dura jusqu’en1790, puisque Lésigny demandera le transfert de cette foire sur son territoire, ce qui lui sera refusé. Bien que les terres se partageaient sur le territoire des deux communes, la décision du lieu sera tranchée lors de la réfection de son cadastre en 1797 par l’administration qui attribuera à la commune d’Ozoir la Ferrière chapelle, puits et champs de foire sur son territoire. Surtout que ses droits de places perçus depuis la révolution en 1793 apportaient un revenu important pour la commune et la commodité de son axe routier facilitait le passage des voitures et la venue des habitants des autres communes. L’organisation de cette foire était très encadrée par la Municipalité et la préparation se faisait dans les moindres détails d’une année sur l’autre dans un souci de sécurité aussi bien pour les commerçants que la population. Pour avoir une petite idée au XVIIIème le nombre de gardes nationaux était de 120 gardes pour surveiller la foire.
Monthéty était surtout renommée pour la beauté de ses génisses toujours sous le contrôle sanitaire du médecin vétérinaire Paul SAVARY. La vente des chevaux et des bestiaux commençait dès le matin et continuait jusqu’à 3 h de l’après- midi.
De ce fait très populaire, elle attirait un grand nombre de marchands de chevaux et de vaches, cochons etc…. et l’on pouvait apercevoir aussi les beaux chevaux de race qui ne quittaient pas les écuries et les vaches dans les prés qui paissaient tranquillement. Les seules transactions sur les bestiaux représentaient une part importante, mais toutes sortes d’autres marchandises s’y vendaient aussi. Dans les listes de droits de places que nous possédons de 1883 à 1899, nous retrouvons des commerces tels que des bimbelotiers, ferblantiers, taillandiers, confiseurs, vanniers, ferrailleurs, charcutiers, faïenciers, fripiers,
quincailliers, chapeliers, boisseliers, orfèvres et bijoutiers et sans oublier les échoppes de marchands de frites, casse-croûte et boissons.
Côté animation les comédiens ambulants cherchaient à capter l’attention des badauds. On y côtoyait des faiseurs de tours, des danseurs de corde, des manèges, cirque, combats d’animaux et des jeux de toute sorte. L’attraction la plus connue était l’homme à la tomate. Cet homme se tenait chaque année derrière un paravent d'où sortaient les mains et la tête et recevait des jets de tomates. Cette scène est représentée sur une carte postale très rare que nous ne possédons pas. Vers midi, les curieux et les promeneurs abondent ; l’affluence devient tellement considérable que le vaste champ de foire peut à peine contenir la foule qui se presse, se heurte et circule en tous sens. Pour clôturer cette foire, un grand bal était organisé avec toute la jeunesse des environs et notamment celle d’Ozoir. Cette importante foire commerciale déclina au cours du XIXème siècle, le marché aux bestiaux subsista cependant jusqu’en 1930 et la fête populaire garda une grande puissance d’attractions avant de disparaître complètement dans les années 52.
En 1975 et 1976, la municipalité essayera de faire revivre cette foire par une foire commerciale et industrielle.
En 1975, après une éclipse de plus de vingt trois années, la foire de Monthéty renaîtra sur le stade municipal d’Ozoir-la-Ferrière. Trois cents stands d’exposition commerciale seront ouverts aux visiteurs, de nombreuses organisations sportives et culturelles de notre ville, ainsi que des stands dégustation seront présents. Il y aura également de nombreux manèges pour petits et grands. Pour les amateurs d’émotion, un hélicoptère fera connaître les joies du baptême de l’air. Au sol, de gracieuses majorettes évolueront en musique, et défileront en compagnie des cavaliers du club hippique.
Une course cycliste, 45 tours dans Ozoir, avec départ et arrivée face au stade, aura lieu le dimanche après-midi. Le samedi soir, il y aura un grand spectacle de variétés avec en vedette Christian Delagrange, et nous procéderons à l’élection de la Reine d’Ozoir-la-Ferrière. Le dimanche soir, nouveau spectacle de variétés dont la vedette sera Carlos.
EN SEPTEMBRE...
C'EST LA FOIRE À MONTHÉTY
* Pourquoi cette date ? La réponse apparaît dans le livre de l'abbé Lebeuf, publié en 1758. Au XIII siècle, sur les terres de Lésigny, près des ruines d'un prieuré, se trouvait une petite chapelle dédiée à Notre-Dame, but d'un pieux pélerinage annuel. Les habitants des paroisses voisines y venaient prier aussi dans les temps de calamités. Les religieux d'Hyverneaux, de qui dépendait ce modeste sanctuaire, obtinrent l'autorisation de créer autour une foire agricole. Le succès fut considérable et si son importance commerciale déclina au cours du XIXe siècle (un marché aux bestiaux subsista cependant jusque vers 1930) la fête populaire garda longtemps une grande puissance d'attraction.
Les gros travaux des champs terminés, l'effervescence de la moisson dissipée, voici enfin le temps du délassement. De toutes les fêtes, la plus populaire est, sans contestation possible, celle de la foire de Monthéty. Les villageois y tiennent beaucoup et les ouvriers agricoles ont congé ce jour-là. Privilège local... et sacré ! On s'y rend généralement en groupes, à pied ou en charrette, par le chemin de Monthéty qui passe devant la mairie-école et file droit vers la route de Paris. La foire se tient le jour de la nativité de la Vierge*.
On y vient de partout : de Roissy et des communes voisines, bien entendu, mais aussi de Lagny, Meaux et Melun, Champigny et même de Paris. Des omnibus assurent le transport jusqu'à la foire et, au cours du voyage, on fait connaissance et on chante en choeur au son d'un violon. Dans la clairière, les forains ont déjà monté leur manège de chevaux de bois et de tape-culs, un cirque au chapiteau coloré, des stands, des buvettes à côté des marchands de moules, de frites, de gaufres et de crêpes. Des odeurs de friture, de fromage et de cochonnaille s'élèvent de partout. «Les aubergistes de Roissy s'y installaient tous les ans, raconte Marie Gessat. J'allais aider, là aussi, à la buvette de Marcel Sourty. Que de verres ai-je remplis et lavés, que de casse-croûtes ai-je dû servir». Car on mange énormément à Monthéty, on mange et on s'amuse... Ambiance extraordinaire.
«Entre les deux guerres, l'un des stands les plus fréquentés était celui tenu par un gars déguisé en mendiant. Pourtant, il faisait peine à voir, raconte M. Baurin. Vêtu de vieilles fripes, il se plaçait devant une bâche et mettait, moyennant finances, des cageots de tomates à la disposition des passants qui le bombardaient au milieu des éclats de rire. Couvert de jus et de pépins, il se lavait régulièrement la figure et reprenait sa place stoïquement. Il y avait à la fête de Monthéty des jeux très particuliers que l'on avait peu l'occasion de voir ailleurs. Le tir, par exemple. Accrochés au bout de très longues perches et maintenus à une hauteur d'environ 50 mètres, des ballons devaient être crevés à l'aide de fusils de chasse. On pouvait s'exercer également aux jeux d'adresse, comme ces grosses quilles de bois qu'il s'agissait de renverser à l'aide d'une boule pendue à un fil. Le propriétaire du stand, n'aimant sans doute pas perdre d'argent, avait imaginé un subterfuge. Dissimulé derrière une bâche, il déréglait le trajet de la boule avec une baguette. Un jour, des gamins malins ayant découvert la supercherie, la poussèrent alors dans l'autre sens pour la remettre dans la bonne direction. Petite anecdote dont je me souviens parfaitement car je prêchais continuellement l'honnêteté à mes élèves... ». Tous ces jeux se soldent évidemment par une distribution de lots lorsque l'on a triomphé. La journée de réjouissances terminée, les Roisséens reviennent au village parfois un peu émoustillés mais toujours très contents, ivres de bruit et de fatigue, les bras chargés de poulets, de canards, de pigeons, de petits cochons et autres victuailles. La fête se déroulant début septembre, la température clémente incite les jeunes à rester plus tard pour danser. «La nuit tombée, je servais encore à la buvette, dit Marie Il n'était pas rare que je rentre largement après minuit, fatiguée mais surtout effrayée d'avoir à traverser le bois, seule dans le noir. Alors, je cherchais des gens de Roissy avec qui rentrer et tout au long du chemin, ils me racontaient les meilleurs moments de leur journée ...».
La fête de Monthéty disparait à la fin des années 50.
(Roissy-en-Brie à travers les siècles)
emplacement de Monthéty à Auzouer la Ferrière en 1820
Auzouer la Ferrière s'appelle Ozoir-la-Ferrière aujourd'hui en 2020
en haut à gauche : Montely et Chapelle de Montely
Charles Pathé : l’homme qui fit du cinéma une industrie
Charles Pathé : l’homme qui fit du cinéma une industrie
La longue existence de Charles Pathé est l’une des plus étonnantes qui soit. Il connaît d’abord échec sur échec, bâtit ensuite un empire industriel qu’il démantèlera, lui-même, pièce par pièce.
Charles Pathé
Pathé crée un modèle qui sera imité par Hollywood. Ni inventeur comme les Lumière, ni innovateur comme Méliès, ni technicien comme son concurrent Léon Gaumont, Charles Pathé (Chevry-Cossigny, Seine-et-Marne, 26 décembre 1863 – Monte-Carlo, 25 décembre 1957) crée le type du producteur de cinéma. Selon la phrase qui lui est souvent prêtée : « Je n’ai pas inventé le cinéma, je l’ai industrialisé. » Pathé va être ainsi la première multinationale dédiée aux loisirs.
TRENTE ANS DE VACHES MAIGRES
Ses parents, originaires d’Alsace, tiennent une charcuterie à Chevry-Cossigny puis à Vincennes. Alternant séjour en pension et aide au commerce de ses parents, il paraît destiné à une carrière de petit commerçant. Il souffre de la dureté de son père. Après son service militaire, il rejoint son frère aîné, boucher à Saint-Sauveur, près de Compiègne, ce qui lui permet de constituer un petit capital. Il pense s’établir dans le commerce de la boucherie sur les marchés parisiens et de banlieue.
Mais en 1889, le voici qui s’embarque au Havre pour gagner l’Amérique du sud. De Buenos Aires à Rio de Janeiro, il exerce divers métiers mais sans réussir dans aucun. Ayant contracté la fièvre jaune, sa santé compromise, il rentre en France en 1891. Il s’embarque avec des perroquets, dans le but de les revendre. Mais la troupe ailée ne survit guère au voyage transatlantique.
Le voici bistrotier. Une de ses clientes ayant chuté de la balançoire se trouvant dans l’établissement, il va prendre de ses nouvelles et rencontre ainsi sa fille, Marie Foy. Il épouse cette jeune sage-femme en 1893 contre le voeu de ses parents. De nouveau sans le sou, il entre comme gratte-papier chez un avoué parisien.
DU PHONOGRAPHE AU CINÉMATOGRAPHE
Enfin se produit la rencontre décisive après toutes ces longues années de vaches maigres. Incité par un ami de la famille, il se rend à la foire de Vincennes. Cette visite effectuée le premier dimanche d'août 1894, va radicalement transformer sa vie. Il y découvre le Phonographe Edison avec émerveillement. Il n'a de cesse de trouver des fonds, et parvient en dix jours à obtenir 700 francs, qu'il emprunte pour acheter un Phonographe (1.000 francs pour l'appareil et 800 francs d'accessoires). Il cesse son travail chez l'avoué parisien. Le 9 septembre, muni de son appareil, Charles débute avec sa femme, à la foire de Monthéty (Ozoir-la-Ferrière). Dès le premier jour, ils gagnent 200 francs ! Le succès se confirme le lendemain, les auditeurs enthousiastes sont au rendez-vous.
Le 11 septembre 1894, c'est au Pèlerinage de Notre-Dame des Anges de Clichy-sous-Bois, que Charles confirme son succès. Ayant dégagé un peu d’argent, il ouvre une boutique à Paris pour vendre des phonographes à cylindre aux forains. Dès 1895, il propose également des kinétoscopes. Il comprend vite qu’il est plus judicieux de louer que de vendre le matériel.
Il s’associe avec le photographe Henri Joly pour déposer un brevet d’appareil chronophotographique. Mais comme Edison, il se fixe sur la technique du spectateur unique. Le cinématographe Lumière rend caduque cette approche.
En 1896, la mort de ses parents lui apporte un capital et lui permet de s’associer avec ses frères : il se lance dans la fabrication de films. À la suite d’un différend commercial, deux de ses frères se retirent. Seul Émile continue l’aventure aux côtés de Charles. La société Pathé frères voit le jour le 30 septembre 1896 avec un capital de 40.000 francs. Les ateliers sont installés à Vincennes, dans une propriété laissée par son père à Émile.
LA COMPAGNIE GÉNÉRALE DES CINÉMATOGRAPHES, PHONOGRAPHES ET PELLICULES
En 1897, l’entreprise est absorbée par la Compagnie générale des cinématographes, phonographes et pellicules fondée par des industriels de la région lyonnaise. Cette nouvelle société a constitué un capital de 2 millions de francs.
À la tête de ce groupe d’hommes d’affaires, le Stéphanois Jean Neyret, d’une famille de fabricants de rubans, s’intéresse aux nouvelles industries : il a investi dans l’hydro-électricité en Isère. Il devient le premier président du conseil d’administration. Autre figure-clé, Claude Grivolas, administrateur délégué, ami de Gustave Eiffel, qui avait déposé plusieurs brevets dans le domaine naissant du cinéma. L’usine de phonographes est implantée à Chatou, où Grivolas avait déjà développé des activités dans la construction mécanique.
Ces gestionnaires avisés imposent la production de masse et la spécialisation avec mécanisation, formation des ouvriers et embauche d’ingénieurs. Pathé frères devient une marque. Comme l’écrit Charles Pathé dans ses souvenirs biographiques : « Rien ne pouvait être plus précis. Mon frère et moi nous n’étions plus propriétaires, c’est certain. Nous cédions la place à un groupe. »
LE CINÉMA DEVIENT UNE INDUSTRIE
Directeur technique des activités cinématographiques, Charles Pathé va réussir à les développer grâce à son sens des affaires. La branche cinéma, d’abord marginale, va devenir prépondérante. Pathé propose à Méliès de réaliser des films et, devant son refus, choisit Ferdinand Zecca (1901) qui va s’imposer comme le réalisateur-producteur maison. 500 films sont produits dans les studios de la firme en 1903.
Pathé transforme ainsi une attraction de foire en spectacle de masse que l’on va voir désormais dans de confortables salles de spectacles à l’image de l’Omnia Pathé à Montmartre (1906). Un réseau de salles Pathé est constitué. Elles n’appartiennent pas à la société mais signent un contrat d’exclusivité. Elles projettent tous les films produits par la firme. Désormais, la firme loue et ne vend plus les copies de films.
Il réunit une équipe talentueuse dans les studios de Vincennes et de Montreuil. 1905 est une année faste : la firme adopte le coq gaulois, son emblème, et engage Max Linder et Albert Capellani. Jeune comédien ambitieux, Max Linder ne tarde pas à s’imposer comme acteur réalisateur. Il devient la première star mondiale du cinéma, un modèle pour un jeune Anglais non moins ambitieux nommé Charles Chaplin.
Albert Capellani, réalisateur de talent, va s’attaquer à l’adaptation de romans populaires (Les Misérables, Germinal) montrant les ambitions du nouveau média de concurrencer la littérature. Loin des films à brève durée des origines, Pathé n’hésite pas à produire des longs métrages : avec ses 3020 mètres, Germinal dure environ 2 h 30.
Autre nouveauté, le Pathé Journal (1909) s’affirme comme « le premier journal vivant de l’univers ! ». C’est le premier hebdomadaire d’actualités cinématographiques. Il est diffusé avant le film dans les salles Pathé.
CHARLES PATHÉ, PREMIER NABAB DU CINÉMA
Entre 1904 et 1908, le capital double, le chiffre d’affaires est sextuplé, les bénéfices sont multipliés par 5. La branche cinématographique, d’abord minoritaire, tient une place grandissante. Plus de 200 filiales sont ainsi créées à travers le monde : Moscou, New York, Londres, Berlin, Milan, Barcelone, Amsterdam et Bruxelles.
En 1907, 30 % des bénéfices de Pathé proviennent désormais des États-Unis. Le théâtre de prises de vue, dirigé par Louis Gasnier à partir de 1910, permet la diffusion de films adaptés au public américain.
Mais Charles Pathé profite de la crise de 1908 pour renforcer sa position. Contre l’avis du conseil d’administration, il s’engage dans la fabrication de pellicule pour concurrencer George Eastman en Europe. Les unités de production de Vincennes et de Joinville-le-Pont mettent ainsi fin en Europe au monopole détenu par le fabricant américain George Eastman.
Le comité consultatif rassemble les collaborateurs de Pathé constituant un véritable contre-pouvoir. En 1911, il parvient enfin à entrer au conseil d’administration, dernière étape avant le contrôle total de la société. Enfin, le nom de Pathé entre dans la raison sociale. À la veille de la Grande guerre, Pathé frères est la quinzième plus importante firme française.
Mais la concurrence est désormais rude : la création de nombreuses firmes nationales en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie et surtout aux États-Unis avec la Motion Picture Patents Company, réduit la part de marché de Pathé.
L’ÉPREUVE DE LA GRANDE GUERRE
Comme toute l’industrie cinématographique française, Pathé subit le contrecoup de la Grande Guerre. Le personnel a été mobilisé, les transports sont rendus difficiles. À partir de 1915, la société participe activement à l’effort de guerre en consacrant une partie de ses installations de Chatou et de Vincennes à la fabrication d’armes et de protections. Pathé s’investit également dans le Service photographique et cinématographique des armées.
Charles Pathé a profité des circonstances pour prendre le contrôle total du conseil d’administration. « Meneur contesté mais inestimable », il redresse la société dans une conjoncture difficile. Face à la frilosité des administrateurs, soucieux d’une bonne gestion, il s’impose comme l’entrepreneur qui sait prendre des risques.
Devant les difficultés du marché français, il déplace la production aux États-Unis. Les vingt épisodes de la série Les Mystères de New York (1914) rencontrent un énorme succès qui permet à la société de faire du marché américain son principal fournisseur et destinataire.
ULTIMES AFFAIRES : LE PATHÉ BABY ET LE PATHÉ-RURAL
La dernière affaire lancée par Pathé est le « Pathé Baby » (1922). Comme son nom l’indique, cet appareil de cinéma est de de format réduit (9,5 mm) et destiné au grand public. Il s’agit de faire entrer le cinéma dans les foyers. Le succès est au rendez-vous. Pathé cède les droits d’exploitation de sa nouvelle création à une « Société du Pathé Baby », tenue d’acheter les films de format réduit proposés à la clientèle de Pathé Cinéma.
La firme Pathé Cinéma se procurait les films à prix très réduits auprès des producteurs ayant amorti leurs films et pour lesquels cela représentait une prime non prévue. Bien entendu, ces films étaient contretypés sur une pellicule Pathé. Ainsi, Pathé Cinéma, sans engager des sommes importantes dans l’affaire, s’assurait sans risques des royalties.
Le Pathé-Rural rencontre davantage de difficultés. Lancé en 1927 avec le slogan « le cinéma partout et pour tous », c’est un projecteur destiné à la petite exploitation qui permet de créer un réseau de salles dans les campagnes françaises.
CHARLES PATHÉ DÉMANTÈLE SON EMPIRE
Au lendemain de la Grande guerre, Charles Pathé considère que la production de films n’est plus rentable. Hollywood est en train de se constituer pour dominer le marché mondial. Entre 1918 et 1927, il va céder peu à peu tous ses actifs. Une assemblée générale réunie à Clermont-Ferrand en novembre 1918 adopte le principe que pour toute cession d’actifs, 10 % des sommes reçues iraient dans la poche de Pathé.
La branche phonographique, gérée par son frère Émile, est revendue avant de tomber dans l’escarcelle de Marconi sous le nom de Pathé Marconi. La branche cinéma devient ainsi Pathé-Consortium-Cinéma. L’affaire est très juteuse comme le souligne Charles Pathé :
« Pathé-Consortium s’engageait à utiliser exclusivement nos produits sensibilisés durant soixante-treize ans. Le profit qui en découlerait pour nous s’ajoutait à la redevance de dix pour cent sur son chiffre d’affaires total, étant entendu que cette redevance ne saurait être inférieure à deux millions de francs pour les dix premières années et un million pour les soixante-treize années suivantes. […] Par ailleurs, conformément à la nouvelle politique de nous spécialiser surtout dans la fabrication du film vierge susceptible de nous fournir des bénéfices importants et certains, nous décidâmes également de céder ou de fermer toutes nos succursales de locations de films en Europe, Asie et Amérique. »
À chaque fois, une clause précise la nécessité de conserver le nom Pathé. Il en va de même des implantations américaines (studios, agences…) et des salles de cinéma qui continuent de porter le nom de celui qui n’y a plus aucun intérêt.
LE RETRAIT PROGRESSIF DE CHARLES PATHÉ
Seule la production de film vierge, dans l’usine de Vincennes, qui rapporte énormément d’argent, est conservée par Charles Pathé jusqu’en 1927. De longues négociations avec son concurrent Eastman aboutissent à la nouvelle société « Kodak-Pathé » dans laquelle Eastman détiendrait 51 % des actions et Pathé Cinéma 49 %. Mais les actions Pathé sont très vite revendues aux Américains.
Enfin le 1er mars 1929, Charles Pathé fait voter par le Conseil d’Administration la nomination du nouvel administrateur délégué : Bernard Natan. Mais celui-ci, passionné de cinéma, héritait en fait d’une coquille vide. Après bien des déboires, la firme Pathé devait néanmoins continuer à jouer un rôle. Elle reste une des plus anciennes sociétés de production cinématographiques en activité.
Retiré des affaires, Charles Pathé va survivre trente ans à son empire défunt. Soucieux de son image pour la postérité, il publie son autobiographie à deux reprises. D’abord sous le titre « Souvenirs et conseils d’un parvenu » (1926) puis « De Pathé frères à Pathé Cinéma » (1940). Celui qui avait fait de son nom une marque connaît une longue retraite paisible à Monte-Carlo.
Sources :
http://www.licelfoc.com
portrait de Charles Pathé
plaque maison natale de Charles Pathé
maison natale de Charles Pathé à droite de la carriole
maison natale de Charles Pathé en 2020 - 25 rue Charles Pathé CHEVRY-COSSIGNY
fresque en 2020 rue Charles Pathé CHEVRY-COSSIGNY
affiche frères Pathé
logo coq Pathé - Je chante haut et clair
Pathé-Baby Le cinéma chez soi
Pathé-Baby Le cinéma chez soi
Pathé-Baby Le cinéma chez soi
Le Pathé-Baby fête ses 100 ans en 2022
pélerinage de Notre-dame-des-Anges à Clichy-sous-Bois
Clichy-sous-Bois Le Miracle de N.-D. des Anges
chapelle Notre-dame-des-Anges à Clichy-sous-Bois en 2020
CLICHY-SOUS-BOIS (93) - LA LÉGENDE DE NOTRE-DAME-DES-ANGEVINS
Clichy-sous-bois Notre-Dame-des-Anges
A 15 kilomètres de Paris, à Clichy-en-l'Aunoy, près Livry, dans la forêt de Bondy, existe une modeste chapelle sous le vocable de Notre-Dame-des-Anges, qui, depuis le XIIIe siècle, est un lieu de pèlerinage très fréquenté pendant la première quinzaine de septembre. [Cette chapelle a d'abord porté le nom de Notre-Dame-des-Angevins et ce n'est que plus tard, par abréviation, qu'on lui a donné celui de Notre-Dame-des-Anges.] Cet édifice religieux, qui dépendait autrefois des chanoines réguliers de l'abbaye de Livry, qui en avaient acquis la possession au XVIIe siècle du prieur curé de Clichy, fut l'objet, à différentes époques, de revendications des chevaliers de l'ordre de Malte, successeurs des Templiers dans la propriété des biens que ceux-ci possédaient à Clichy, où ils avaient une commanderie.
On attribue la fondation de cette chapelle à un miracle qui aurait eu lieu sous le règne de Philippe Auguste, selon quelques chroniqueurs, en 1212, et, selon d'autres, en 1233. Voici ce que rapporte la légende :
"Au temps où nul n'osait traverser la forêt de Bondy, trois riches marchands angevins, qui se rendaient à Paris pour leur commerce, sont arrêtés non loin de là par des voleurs qui, après les avoir entraînés au plus épais du bois, les dévalisent, les garrottent chacun contre un arbre et les abandonnent ensuite.
Et cet abandon était, de la part de ces bandits, un raffinement de cruauté. C'était condamner leurs victimes à mourir de besoin, car personne ne s'avisait de pénétrer dans ces lieux redoutés, il était certain qu'on ne viendrait pas les délivrer ; et ce qui devait encore ajouter aux horreurs de ces malheureux, c'est qu'on les avait attachés au bord d'un limpide ruisseau dont la vue devait aiguillonner leur soif.
En pareille situation, deux des pauvres captifs se mirent à se désespérer et à gémir ; mais le troisième, se souvenant que c'était, ce jour-là, anniversaire de la nativité de la Vierge (8 septembre), se mit à implorer son assistance et à prier avec ferveur. Aussitôt, le ciel s'entr'ouvre ; un céleste messager, visible seulement pour le pieux voyageur, descend, brise ses liens, puis remonte au séjour des heureux.
La surprise des deux autres fut grande, quand, au milieu de leurs lamentations, ils virent tout à coup leur compagnon d'infortune qui, débarrassé de ses entraves, vint les délivrer à leur tour ; et leur étonnement se changea en religieuse gratitude quand ils apprirent à quelle intercession ils étaient redevables de leur liberté ; aussi firent-ils voeu de construire près du ruisseau une chapelle dédiée à la Reine des Anges, et ce voeu fut fidèlement accompli. L'eau de ce ruisseau possédant de très grandes vertus curatives, les malades accoururent de toutes parts, et le pèlerinage acquit une immense célébrité."
A la révolution, la chapelle fut démolie et l'emplacement vendu comme bien national. Un habitant de Livry sauva la statue de la Vierge ainsi que le petit vaisseau, aujourd'hui suspendu aux voûtes de la chapelle, lesquels furent portés dans l'église de cette paroisse. Mais, lorsque la tourmente révolutionnaire fut passée et le culte rétabli, une nouvelle chapelle fut édifiée sur l'emplacement de l'ancienne et inaugurée le 8 septembre 1808. Il fallut l'intervention de l'évêque de Versailles pour obliger les habitants de Livry à restituer, lors de l'inauguration, la statue de la Vierge, qui fait l'objet de la vénération des fidèles.
Au XIXe siècle, quoique la foi au miracle aille toujours s'amoindrissant, le pèlerinage à Notre-Dame-des-Anges a toujours conservé une certaine vogue chez les habitants des pays circonvoisins ; mais voilà que cette année (1858), cette vogue s'est trouvée singulièrement compromise : le ruisseau miraculeux a tari par la sécheresse.
Jugez de l'embarras de ceux auxquels la générosité des fidèles avait toujours fourni une abondante récolte !
Pour parer à ce contre-temps, un des intéressés s'ingénia d'établir un conduit allant du puits le plus proche (puits vulgaire et profane) jusqu'au sacré réservoir ; de sorte que ceux qui les premiers y arrivèrent emportèrent précieusement ce liquide frauduleux ; mais le maire de la commune de Clichy, ayant été bientôt informé de la supercherie, fit immédiatement couper le conduit, de sorte que le réservoir se trouva de nouveau à sec.
En même temps le magistrat fit savoir au public que le ruisseau de la chapelle n'était qu'un dérivé d'une source qui justement se trouve dans une de ses propriétés, située à quelque distance plus haut, laquelle source il mettait, gratis, à la disposition des pèlerins.
Mais cette eau, puisée ainsi dans la propriété du fonctionnaire public, aura-t-elle toujours les vertus merveilleuses de celle que l'on allait chercher au réservoir de la chapelle ? C'est là une bien grave question.
souvenirs de Charles Pathé
exposants de phonographe
phonographe
Joinville-le-Pont Usine Pathé Frères
Charles Pathé achète le château de Roissy-en-Brie
Roissy-en-Brie / Seine-et-Marne
Charles Pathé, inventeur de génie, est né en 1863 tout près d’Ozoir : à Chevry-Cossigny. En 1913, lui et son épouse achètent l’actuelle mairie de Roissy-en-Brie, qu’on appelait alors « Le château de la Malibran », avec son parc et ses dépendances.
Charles devient conseiller municipal, chargé de la commission des finances et membre actif du bureau de bienfaisance. Les Roisséens adorent le couple et la vie qu’ils apportent dans le village. Cet entreprenant industriel du cinéma naissant fait installer un château d’eau et les canalisations nécessaires à l’arrivée de l’eau courante dans l’élégante bâtisse. Il orne le parc de fontaines et statues, y donne fêtes sur fêtes. Et surtout, à l’émerveillement des Roisséens, il fait venir l’électricité et en use abondamment. Un magnifique lustre illumine les boiseries du salon lors du mariage de mademoiselle Pathé en 1923. Max Linder, présent à la cérémonie, offrira à cette occasion à la jeune épousée un joli petit poney.
Las, son épouse disparaît en 1927, et Charles n’a plus le cœur à entretenir le château. Il crée une société immobilière qui ne connaît qu’une courte existence. Salles et parc restent vides durant plusieurs années avant de connaître divers avatars jusqu’à leur actuel destin : une mairie et des lotissements.
le château de Roissy-en-Brie en 1927
dos d'une carte postale en 1915
l'actuelle mairie de Roissy-en-Brie (2020)
Musique : Le châtaignier - Jean Ferrat - 2,62 Mo - 2 mn 47 :
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Le Châtaignier
Jean Ferrat
J'entends les vieux planchers qui craquent
J'entends du bruit dans la baraque
J'entends j'entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier
Bien à l'abri dans ma soupente
Moi j'entends chanter la charpente
Ce n'est pas du bois vermoulu
J'entends les poutres qui se plaignent
De ne plus donner de châtaignes
En supportant mon toit pointu
J'entends les vieux planchers qui craquent
J'entends du bruit dans la baraque
J'entends j'entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier
(non mon châtaignier
n'est pas mort
étant donné qu'il chante encore
la belle chanson d'autrefois)
Quand on devient poutre-maîtresse
C'est tout le toit qui vous oppresse
Il faut chanter tout doucement
La chanson de ses origines
Celle qu'il me chante en sourdine
En y mettant du sentiment
J'entends les vieux planchers qui craquent
J'entends du bruit dans la baraque
J'entends j'entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier
C'est surprenant mais c'est logique
Il chante la chanson magique
Qu'il a apprise au fond des bois
Il me chante une chanson tendre
Que je suis le seul à comprendre
Quand la nuit vient à petits pas
(Les autres gens de la maison
n'entendent jamais sa chanson
et chacun croit que je débloque
quand je leur dis que la bicoque
est protégée des araignées
par la vie de mon châtaignier)
J'entends les vieux planchers qui craquent
J'entends du bruit dans la baraque
J'entends j'entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier
C'est vrai pourtant qu'il nous protège
Contre le froid contre la neige
Tout en berçant mes insomnies
Ce n'est pas une chanson triste
Mon châtaignier est un artiste
Qui continue d'aimer la vie
J'entends les vieux planchers qui craquent
J'entends du bruit dans la baraque
J'entends j'entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier
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