LES PERSONNAGES
LA FAMILLE SPIVET
Dans la famille Spivet, entre le fils très en avance pour son âge, le père en retard de cent ans, la sœur rêvant de tapis rouge et la mère cherchant l’équivalent de la licorne chez les insectes, c’était dur de désigner le plus « normal ». En fait si, le plus normal était Layton…
T.S. SPIVET
Il n’a que dix ans mais pourrait en avoir trente de plus tellement il sait de choses. Doté d’une immense imagination, d’une curiosité insatiable et d’une prodigieuse faculté d’observation, personne ne se doute qu’il est le Leonard de Vinci du Montana, plus à l’aise pour inventer la roue à aimants ou la machine à mouvement perpétuel que pour aider son père au ranch ou enfiler deux chaussettes de la même paire. Pour ne pas tourner en rond comme une chauve-souris, il décide
de partir, seul, à Washington et de confronter ses intuitions et ses recherches à celles des autorités scientifiques. Mais en chemin, tout en se posant des questions insolubles du genre « Comment les humains sont-ils capables de produire autant d’angles droits alors que leurs comportements n’obéissent à aucune logique ? », il ne cesse de penser à sa famille qu’il a laissée là-bas, dans le ranch du Montana…
Kyle Catlett
par Jean-Pierre Jeunet
« C’est un môme incroyable. A 10 ans, il a vécu dans sa vie plus de moments très forts, aussi bien positifs que négatifs, que la plupart des gens dans toute leur vie. Il est extrêmement intelligent. C’est un acteur très brillant qui a de manière complètement naturelle le sens de la comédie, le sens du tempo et un registre très large. Il est aussi à l’aise dans l’humour que dans la gravité, la légèreté, l’émotion… Je l’ai vu sur le tournage bien sûr mais je m’en suis rendu
compte davantage encore au montage. Tous les jours, je découvrais des petits détails de son jeu, notamment dans les scènes de groupe où il fait son truc dans son coin que personne ne voit, et il est tout le temps incroyablement juste. Et, malgré sa petite taille, il est très costaud physiquement : il se battait pour faire lui-même les cascades. Je l’ai vu pleurer une seule fois parce qu’il avait vécu un drame épouvantable : il avait perdu un criquet ! Physiquement, moralement, je ne l’ai jamais vu faiblir. Je
ne l’ai jamais vu fatigué, grincheux, mais toujours positif et surtout lumineux. LUMINEUX ! ».
Né en 2002, américain, parlant six langues dont le russe (sa mère est d’origine russe) et le mandarin, champion du monde trois ans de suite d’Arts Martiaux Mixtes et membre en 2010 de l’équipe américaine junior de Wushu, il a commencé sa carrière d’acteur à l’âge de 7 ans dans des publicités avant d’être très vite repéré par la télévision et le cinéma. Il a joué notamment dans les séries MERCY HOSPITAL (2009), créée par Liz Heldens, UNFORGETTABLE (2011) créée par Ed Redlich
et John Belucci, et THE FOLLOWING (2013) créée par Kevin Williamson, avec Kevin Bacon. En 2013, il a remporté le prix du meilleur acteur au Festival international de Greenville pour sa prestation dans THE PALE OF SETTLEMENt, court métrage de Jacob Sillman. L’EXTRAVAGANT VOYAGE DU JEUNE ET PRODIGIEUX T.S. SPIVET est son premier premier rôle dans un long métrage.
LE PERE
Né avec cent ans de retard, il a l’allure, le visage buriné, l’âme et la mentalité d’un cow-boy. Pour lui, parler est une corvée nécessaire comme ferrer un cheval. Et quand il vous parle, il a toujours le regard sur l’horizon, jamais sur vous. Dans son bureau se côtoient un autel dédié à Billy the Kid, un puma empaillé, une collection de fers à cheval et de bottes. C’est un véritable musée d’où émane une puissante impression de nostalgie de western. S’il aime Layton plus
que tout au monde, il ne comprend pas comment il peut aussi être le père de T.S., cet enfant qui ne sait pas tenir un fusil ni un lasso, ni même une pioche, et passe ses journées à imaginer des inventions plus saugrenues les unes que les autres, des… foutaises de chochotte !
Callum Keih Rennie
par Jean-Pierre Jeunet
« Il m’a suffi d’un court essai avec Callum Keith Rennie pour comprendre qu’il était parfait, avec sa belle gueule, sa belle allure, pour le rôle du père. Callum a surtout fait de la télévision et était au départ un peu nerveux, un peu tendu, surtout devant ma façon de travailler avec les acteurs qui est très précise. Il était même presque agressif. Je l’ai pris à rebours en lui disant : « Demain, on va essayer de faire cette scène mais je ne suis pas sûr que tu y arrives,
tellement tu es mauvais, tellement tu es tête brûlée, ça va être une catastrophe ! ». Il a d’abord été totalement déconcerté puis a réalisé que c’était de l’humour, et là, je l’ai vu s’abandonner. Je l’ai gagné comme ça. Ensuite, c’est devenu un jeu entre nous. Je lui disais : « On a fait un plan génial ! Avec ta barbe, ta peau luisante sous le ciel bleu, c’est du Sergio Leone, c’est à tomber par terre. Dommage qu’en comédie tu sois si nul ! ». Il avait compris que j’étais inatteignable s’il était agressif. Nous
nous sommes très bien entendu et il s’est révélé formidable.».
Né en 1960 en Grande Bretagne, élevé en Alberta au Canada, c’est à Edmonton que Callum Keith Rennie se lance à 25 ans dans la carrière d’acteur au théâtre et c’est à Vancouver quelques années plus tard qu’il débute à la télévision et au cinéma. Il a joué dans de très nombreuses séries (UN TANDEM DE CHOC, X FILES, HIGHLANDER, MY LIFE AS A DOG, 24H CHRONO, THE KILLING, THE FIRM) mais est surtout connu pour son rôle du méchant Cyclon Leobon dans la série de science-fiction
BATTLESTAR GALACTICA (2004-2009) et pour son personnage de rocker dans CALIFORNICATION (2008-2013). Au cinéma, il a débuté dans deux films indépendants canadiens remarqués DOUBLE HAPPINESS de Mina Shum (1994) et HARD CORE LOGO (1996) de Bruce McDonald. On l’a vu aussi depuis dans EXISTENZ, MEMENTO, L’EFFET PAPILLON, BLADE : TRINITY, INVISIBLE, X FILES RÉGÉNÉRATION, LE CAS 39…
LA MERE
Belle, étrange, avec beaucoup d’allure, spécialiste des sauterelles et autres insectes, le Dr Clair a passé la majeure partie de sa vie à étudier à la loupe de minuscules créatures, puis à les classer en espèces et sous-espèces. Et aussi… à faire griller les grille-pain ! Puis, un jour, elle a tout arrêté pour se consacrer à une unique mission : prouver au monde scientifique l’existence de la cicindèle vampire alors que si ça se trouve… elle n’existe pas. Elevant ses enfants
un dictionnaire taxinomique à la main, elle a encouragé la vocation de T.S. qui assurément tient d’elle son imagination et sa curiosité scientifique mais qui trouve pourtant que depuis quelque temps elle n’est plus très présente pour lui, ni pour personne d’ailleurs…
Helena Bonham Carter
par Jean-Pierre Jeunet
« C’est une actrice que j’aime beaucoup. Elle est d’une inventivité incroyable à tel point que j’avais le sentiment parfois d’avoir une Porsche entre les mains et de ne la conduire qu’à 20 km/h ! En revanche, ces 20 km/h que j’ai utilisés, c’est quelque chose ! On n’a pas l’habitude de la voir comme ça. C’était un immense plaisir de travailler avec elle. Elle est légère et profonde à la fois, capable en même temps de fantaisie et d’émotion. Et elle n’a peur de rien. Il
y avait un plan séquence où il fallait se jeter au sol entre la Dolly et le travelling, elle a insisté : « J’ai fait de la gym, je vais te faire ça ! ». Elle l’a fait trente-cinq fois, elle avait les genoux en sang mais elle l’a fait. Parfois, pour m’amuser elle faisait des prises à la Tim Burton ! Elle est d’une grande simplicité. Je la revois assise sur une chaise dehors, le soir, devant cet hôtel de Pincher Creek où nous étions, en train de manger des hamburgers face aux pick-up des types qui travaillaient
dans le pétrole ou faisaient des rodéos et se demandaient qui était cette femme ! ».
Née en 1966 à Londres dans une famille de grande tradition politique, elle a fait ses premiers pas d’actrice à 16 ans dans la publicité avant de débuter à la télévision puis au cinéma. C’est sa rencontre avec James Ivory sur CHAMBRE AVEC VUE en 1986 qui la met sur le devant de la scène. Elle le retrouve pour MAURICE et RETOUR À HOWARD’S END. Habituée des films historiques et en costumes, on l’a vue dans HAMLET de Franco Zeffirelli, FRANKENSTEIN de Kenneth Branagh, LA NUIT
DES ROIS de Trevor Nunn, mais aussi chez Woody Allen (MAUDITE APHRODITE) et David Fincher (FIGHT CLUB). Sa prestation dans Les AILES DE LA COLOMBE de Ian Softley lui vaut en 1998 une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Elle devient après LA PLANÈTE DES SINGES (2001) l’actrice fétiche (et la compagne) de Tim Burton et tourne sous sa direction BIG FISH, CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE, LES NOCES FUNÈBRES, SWEENEY TODD, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et DARK SHADOWS. Elle est la méchante Bellatrix Lestrange dans
les quatre derniers épisodes de HARRY POTTER et on l’a vue aussi ces dernières années dans LE DISCOURS D’UN ROI et LES MISÉRABLES de Tom Hooper, et dans DE GRANDES ESPÉRANCES de Mike Newell. Elle a été citée par le Times parmi les dix meilleures actrices anglaises de tous les temps.
LAYTON, LE FRERE
Le frère jumeau de T.S. mais jumeau dizygote – chacun son embryon, chacun son style et chacun sa bonne fée : la sienne a été généreuse en centimètres, celle de T.S. en neurones. Avec sa Winchester, il aime tirer sur tout ce qui bouge, les boîtes de conserve comme les coyotes. Casse-cou dont les exploits physiques font rêver T.S., Layton tient assurément de son père dont il prendra un jour la relève à la tête du ranch.
Jakob Davies
par Jean-Pierre Jeunet
« On l’a trouvé assez tard parce qu’on a longtemps cherché un enfant plus petit que Kyle et… c’était impossible ! Du coup, on en a fait des faux jumeaux. C’est un acteur absolument formidable. Et en plus extrêmement gentil et poli. Sur le tournage, tout le monde l’adorait. C’est un acteur très sérieux, qui travaille sans doute beaucoup chez lui avant le tournage et qui arrive très préparé, presque trop car c’est un peu difficile de le faire sortir de ses rails. En même
temps, ce qu’il fait, il le fait tellement bien…».
Né au Canada, Jakob Davies a débuté comme acteur en 2009 dans des films publicitaires avant de passer rapidement à la télévision et au cinéma où il a déjà joué dans une vingtaine de productions. Il est surtout connu pour son rôle de Lex Luthor dans la série SMALLVILLE (2010) et pour celui de Pinocchio dans la série d’ABC, ONCE UPON A TIME (2011-2013). Au cinéma, on l’a vu notamment dans THE SECRET de Pascal Laugier (2012).
LA SŒUR, GRACIE
Elle, elle se demande comment elle a pu naître dans une famille aussi plouc au fin fond du Montana alors qu’elle est faite pour Hollywood, le tapis rouge et la gloire. Même si à chaque fois qu’elle en a l’occasion elle se drape dans son aura d’actrice incomprise, elle se dit que, finalement, être la sœur d’une célébrité, ce ne serait déjà pas si mal…
Niamh Wilson
par Jean-Pierre Jeunet
« C’est en faisant un casting à Toronto qu’on a découvert Niamh. Elle se détachait vraiment du lot. Le danger avec ce personnage d’adolescente qui roule les yeux au ciel sans arrêt était qu’elle soit insupportable. Niamh a réussi à rendre cet aspect là sans être irritante, et même en suscitant de l’empathie pour son personnage. Elle avait aussi le grand pouvoir d’aller vers l’émotion sur commande. Lorsqu’on tournait la scène où elle regarde T.S. à la télé, je lui ai rappelé
que Gracie à ce moment-là ne se moquait plus mais craquait. Elle m’a regardé et hop, s’est mise à pleurer. Une seule prise a suffi ! Formidable ! ».
Née en 1997 à Oakville, Ontario, Canada, Niamh Wilson débute dans le pilote d’une série pour la Warner, Chasing Alice, à l’âge de 5 ans. Deux ans après, elle est l’héroïne d’un téléfilm HAUNTING SARAH qui lui vaut le Young Artist Award. En 2006, elle enchaîne avec, au cinéma, le thriller surnaturel THE MARSH et le film d’horreur SAW III (un rôle qu’elle reprendra dans SAW IV et SAW V) et, à la télévision avec la série RUNAWAY. En mai 2012, pour sa première comédie, DEBRA,
sur The Family Channel, elle reçoit le Young Artist Award du meilleur premier rôle dans une série télé.
LA SOUS-SECRETAIRE DU SMITHSONIAN, MISS JIBSEN
En fait, Miss Jibsen pense que c’est elle qui dirige la prestigieuse institution et qu’elle incarne l’autorité scientifique – en tout cas aux yeux de T.S. puisqu’il n’a que dix ans. Lui ne cherche pas à la démentir même s’il n’en pense pas moins…
Judy Davis par Jean-Pierre Jeunet
« Judy est donc arrivée au dernier moment sur le tournage. C’était un vendredi soir. Pendant le week-end, on a créé son look : elle a essayé deux trois tailleurs, on a choisi ses lunettes, on lui a laissé la coupe de cheveux qui était la sienne à ce moment-là, et hop, le lundi matin, moteur ! Comme nous n’avions pas beaucoup de temps pour travailler, la seule indication que je lui ai donnée a été : « Sois toi-même et fais moi rire ! » Et… elle m’a fait rire ! Elle est tellement
drôle que c’est un bonheur absolu de travailler avec elle. Elle apporte un contrepoint comique dans cette histoire finalement assez grave, surtout à ce moment-là du récit. Par contraste, l’émotion de T.S. n’en est que plus forte. ».
Née en 1955, à Perth en Australie, diplômée en 1977 du National Institute of Dramatic Arts, Judy Davis est remarquée deux ans plus tard au cinéma dans MA BRILLANTE CARRIÈRE de Gilliam Amstrong qui lui vaut les premières de ses nombreuses récompenses. Si, au cinéma, on l’a vue régulièrement dans de nombreux films de prestigieux réalisateurs (LA ROUTE DES INDES de David Lean, BARTON FINK des Coen, LE FESTIN NU de David Cronenberg, LES PLEINS POUVOIRS de Clint Eastwood, MARIE-ANTOINETTE
de Sofia Coppola, THE EYE OF THE STORM de Fred Schepiesi pour lequel elle a reçu en Australie le prix de la meilleure actrice), c’est avec Woody Allen qu’elle a le plus tourné depuis leur première rencontre en 1980 pour ALICE : MARIS ET FEMMES (1992), HARRY DANS TOUS SES ÉTATS (1997), CELEBRITY (1998) et TO ROME WITH LOVE (2012). Elle travaille beaucoup également au théâtre et à la télévision. Son interprétation de Judy Garland dans JUDY GARLAND, LA VIE D’UNE ÉTOILE lui a ainsi valu en 2002 son deuxième Golden
Globe de la meilleure actrice dans un téléfilm.
Les premières lignes du livre :
Le téléphone a sonné un après-midi du mois d’août, alors que ma soeur Gracie et moi étions sur la véranda en train d’éplucher le maïs doux dans les grands seaux en fer-blanc. Les seaux étaient criblés de petites marques de crocs qui dataient du printemps dernier, quand Merveilleux,notre chien de ranch, avait fait une dépression et s’était mis à manger du métal.
« Qu’est ce qui faisait un adulte ? On est un vrai adulte si :
1. On est toujours fatigué.
2. On n’a pas hâte que ce soit Noël.
3. On a très peur de perdre la mémoire.
4. On travaille dur toute la semaine.
5. On porte des lunettes de vue autour du cou et on oublie toujours qu’on porte des lunettes de vue autour du cou.
6. On prononce les mots : « Je me rappelle quand tu étais grand comme ça » et on secoue la tête en faisant une UA-1, UA-24, UA-41, qu’on peut traduire grossièrement par « je suis très triste parce que je suis déjà vieux et que je ne suis toujours pas heureux. »
7. On paie des impôts et on aime bien s’énerver avec d’autres adultes en se demandant « ce qu’ils peuvent bien faire avec tout le fric qu’on leur file. »
8. On aime boire de l’alcool tous les soirs seul devant la télévision.
9. On se méfie des enfants et de ce qu’ils peuvent avoir derrière la tête.
10. On ne se réjouit de rien. »
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